Questions fréquemment posées sur le Burundi

Dernière mise à jour : le 7 février 2025

Réponses aux questions clés sur le programme du Burundi et le FMI.

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Comment évaluez-vous les performances économiques du Burundi au cours des deux dernières années et quel est l'état d'avancement de l'accord soutenu par la Facilité Elargie de Crédit (FEC) approuvé en juillet 2023 ?

Malgré son potentiel économique, le Burundi est confronté à des défis économiques et sociaux importants depuis plusieurs années. La croissance du PIB devrait atteindre 2 % en 2024, contre 3,3 % en 2023, entravée par une pénurie prolongée de carburant et une inflation élevée. L'inflation, qui avait ralenti jusqu'à mi-2024, a bondi à 36,4 % en glissement annuel en décembre 2024 en raison de la dépréciation rapide du taux de change sur le marché parallèle et de la monétisation du déficit budgétaire. L'économie souffre de déséquilibres extérieurs importants, notamment un déficit courant élevé, un taux de change officiel surévalué, de faibles réserves de change (équivalentes à environ un mois d'importations) et un taux de change parallèle qui se négociait à environ 160 % de plus que le taux officiel (données à fin janvier 2025). Le déficit budgétaire s'établissait à 5,1 % en 2023–24, avec un ratio dette/PIB de 62 % à fin 2024.

Conformément aux politiques du FMI, l'accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) approuvé en juillet 2023 a automatiquement pris fin en janvier 2025, aucune revue n'ayant été achevée sur une période de 18 mois.

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Que fait le FMI au Burundi ?

Le FMI a trois missions principales pour ses pays membres : la surveillance économique, l'assistance technique et les prêts.

• Au Burundi, le FMI fournit une assistance technique dans les domaines suivants : gestion des finances publiques, administration fiscales, politique de dépenses, statistiques, supervision du secteur bancaire et politique monétaire.

• La surveillance se fait dans le cadre de missions annuelles des services du FMI à Bujumbura afin d'examiner avec les autorités et d'autres parties prenantes l'évolution de la situation économique du pays, ses perspectives et les politiques qu'elles peuvent mener.

• En 2021, le FMI a octroyé au Burundi un financement au moyen de la facilité de crédit rapide de 75 millions de dollars pour aider le pays pendant la crise de la COVID-19, un allégement de la dette dans le cadre du fonds fiduciaire d'assistance et de riposte aux catastrophes (7,6 millions de dollars) et l'allocation de Droits de tirage spéciaux (DTS) de 2021 (206,6 millions de dollars). En juillet 2023, un accord au titre de la facilité élargie de crédit de 272 millions de dollars a été approuvé, avec un décaissement immédiat d’environ 62 millions de dollars.

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Quel est le point de vue du FMI sur les réformes en cours mises en œuvre par le gouvernement du Burundi ?

Certaines réformes ont été mises en œuvre et des progrès ont été enregistrés dans plusieurs domaines. Par exemple, les autorités ont entamé une réforme ambitieuse de la gestion des finances publiques avec le passage à la budgétisation par programmes. Elles ont mis en place des cadres juridiques qui permettront la mise en œuvre du budget programme à compter de 2026. En outre, afin d'accroître les recettes, les autorités ont lancé au cours de l'exercice 2023/24 un nouveau système électronique de paiement de la TVA. Enfin, la banque centrale a adopté une nouvelle réglementation des changes en décembre 2023 et autorisé le transfert des comptes en devises des ambassades, des institutions financières internationales, des ONG et des exportateurs auprès de banques commerciales, une avancée bienvenue vers la normalisation du marché des changes.

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Quelles sont les recommandations de politique économique du FMI en vue d'améliorer la situation économique du Burundi ?

Compte tenu de la surévaluation considérable du taux de change officiel, de la hausse de l'inflation et des risques élevés pesant sur la viabilité de la dette, le FMI recommande un recalibrage rapide des politiques budgétaire et monétaire. Il est essentiel de maîtriser le déficit budgétaire pour réduire le financement intérieur par la banque centrale et juguler l'inflation, contenir les pressions sur le taux de change et préserver la viabilité de la dette publique. Par ailleurs, des réformes structurelles sont essentielles pour améliorer la gouvernance et le climat des affaires, et indispensables pour soutenir une croissance économique équilibrée et inclusive. Un diagnostic de la gouvernance, avec l'assistance technique du FMI, est en cours d'achèvement et définira les réformes prioritaires.

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Quelle est l'action ou la mesure que les autorités devraient privilégier ? Le FMI recommande-t-il une dévaluation du franc burundais ?

Il est essentiel d'unifier immédiatement les taux de change officiels et parallèles et de réformer le marché des changes pour sortir du piège de la croissance faible - inflation élevée. Le régime de change actuel et la forte prime de change qu’il provoque donnent lieu à de vastes distorsions dans l'économie, qui constituent les principaux obstacles à la stabilisation économique. Le système actuel cause des pénuries prolongées de carburant, des perturbations dans les chaînes d'approvisionnement, des obstacles à l'expansion des exportations agricoles (formelles) et porte préjudice à l'investissement direct étranger. Le FMI a constamment recommandé (à partir de l'Article IV 2022) plusieurs réformes visant à réduire ces déséquilibres, notamment i) l'unification du taux de change officiel et du taux de change parallèle, ii) la libéralisation du marché des changes et iii) l'adoption d'un régime de change flottant permettant au taux de change de refléter les fondamentaux de l'économie. Avec des politiques budgétaire et monétaire de soutien et les réformes structurelles destinées à soutenir la croissance du secteur privé, l'investissement étranger et les exportations, le FMI estime que ces réformes des changes constituent une condition préalable importante pour que le Burundi réalise son potentiel économique.

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Quelles seraient les risques d'une unification du taux de change ?

Les inquiétudes quant à l'impact inflationniste de l'unification des taux de change sont surestimées selon les services du FMI, car les biens importés (environ 70 pourcents des importations d'après les calculs des services du FMI) sont déjà en grande partie financés au taux du marché parallèle, de sorte que les variations du taux officiel ne les affecteraient pas directement. D’ailleurs, les prix intérieurs ont augmenté sensiblement en 2024, malgré la stabilité du taux de change officiel. Le carburant est toujours importé au taux de change officiel, ce qui explique les graves pénuries d’essence. L'ajustement du taux de change officiel entraînerait une hausse des prix des carburants à la pompe, mais améliorerait grandement l’approvisionnement en carburant. Le prix des carburants sur le marché parallèle est déjà beaucoup plus élevé que le prix réglementé. Les services du FMI estiment que, suite à une unification des taux de change, les prix des carburants seraient nettement inférieurs au prix actuel sur le marché parallèle.