À époque exceptionnelle, action exceptionnelle. Face à la COVID-19, le FMI a apporté une aide financière d'une rapidité et d'une ampleur sans précédent pour aider les pays à sauver des vies et préserver des moyens de subsistance. Néanmoins, cette aide financière ne pourra pas à elle seule stabiliser l'économie et assurer une reprise durable. Pour que la reprise soit durable, les dirigeants devront renforcer les institutions économiques qui permettent de mener une politique économique résiliente et inclusive.
Associer le développement des capacités à l’aide financière
Les gouvernements sont aujourd'hui amenés à prendre des décisions difficiles, mais beaucoup d'entre eux ne disposent pas des bases économiques solides et du savoir-faire technique nécessaires pour concevoir et mettre en œuvre les mesures requises. Songez, par exemple, aux répercussions de la COVID-19 sur les budgets nationaux, qui se traduisent par de fortes pressions sur les dépenses, des pertes de recettes et une augmentation de la dette. Cela rend la réalisation des objectifs de développement durable encore plus difficile, en particulier pour les pays les plus fragiles et les plus vulnérables.
C'est pourquoi le FMI offre à plus de 160 pays des conseils immédiats et en temps réel ainsi qu'un soutien en matière de développement des capacités afin de les aider à traiter des questions urgentes telles que la gestion de la trésorerie, la surveillance financière, la cybersécurité et la gouvernance économique. L'aide financière du FMI va toujours de pair avec des échanges directs et continus avec les dirigeants dans l’optique de développer les capacités nécessaires dans ces domaines Jusqu'à présent, plus de 90 % des pays qui ont demandé un financement d'urgence lié à la pandémie ont également bénéficié d'un appui en matière de développement des capacités sous la forme de conseils techniques concrets, d'outils pratiques et de formations axées sur la politique économique.
Renforcer la gestion des finances publiques et de la dette
Les pouvoirs publics doivent absolument assurer la continuité des activités et protéger les flux de recettes pour pouvoir augmenter rapidement les ressources intérieures et les maintenir à niveau. En outre, à mesure que les pays augmentent leurs dépenses d'urgence, ils veulent également s'assurer qu'ils disposent de cadres institutionnels solides et d'une bonne gouvernance pour faire en sorte que l'argent soit rapidement acheminé vers ceux qui en ont le plus besoin, notamment en ce qui concerne les dépenses de santé et les systèmes de protection sociale. Le FMI a collaboré avec les administrations fiscales et les services du budget de nombreux pays pour les aider à reprendre leurs activités et à renforcer le soutien apporté aux entreprises et aux particuliers, sans compromettre les mécanismes de garde-fous et de responsabilisation.
Les dirigeants doivent relever un défi encore plus grand en matière de gestion de la dette, compte tenu de la détérioration des situations budgétaires et de l'augmentation des coûts de financement. Le FMI a accordé un allègement immédiat du service de la dette à 27 de ses pays membres les plus pauvres et, aux côtés de la Banque mondiale, a été à l'origine de l'appel à suspendre le service de la dette des pays les plus pauvres qui a été lancé aux principaux créanciers bilatéraux. Dans le monde entier, les gestionnaires de la dette se heurtent à des problèmes de stratégie, de comptabilisation et de gestion dans le contexte de la COVID-19. Aussi collaborent-ils avec les experts techniques du FMI pour revoir et mettre à jour leurs stratégies et systèmes de gestion de la dette. Les données constituent un élément important de ce processus, car elles fournissent des informations essentielles pour évaluer la crise et les besoins de financement correspondants. Pour bien gérer la dette, les statistiques sont déterminantes. De courtes vidéos de « micro-apprentissage » ont également été créées sur la chaîne YouTube de l'Institut du FMI pour aborder les questions liées aux données sur la dette du secteur public.
Alors que les pays commencent prudemment à procéder à un déconfinement, des institutions économiques plus fortes leur permettront de mieux évaluer les difficultés dues à la pandémie et de redoubler d'efforts pour appliquer des mesures qui favorisent la création de possibilités pour l'ensemble de leur population, notamment en ce qui concerne la lutte contre les inégalités, l'action face au changement climatique et l'exploitation de la numérisation.
Continuer de coopérer étroitement
Nous naviguons tous en terrain inconnu et cherchons à nous adapter à de nouvelles méthodes de travail. Le FMI en est conscient et met en place des plateformes virtuelles visant à faciliter le partage des connaissances, notamment un inventaire des mesures prises par 196 pays pour lutter contre les répercussions de la COVID-19. S'appuyant sur des décennies de collaboration avec les pays, nous avons établi 45 notes d',une série spéciale qui visent à donner des conseils pratiques aux autorités nationales sur les tenants et les aboutissants des difficultés communes liées à la crise. Nous avons augmenté le nombre de cours disponibles gratuitement en ligne afin d'accroître l'accès mondial aux connaissances spécialisées du FMI sur des sujets tels que l'élaboration de la politique budgétaire, l'inclusion financière et la gestion macroéconomique. Le FMI s'appuie également sur son réseau mondial de centres régionaux de développement des capacités pour répondre rapidement aux nouveaux besoins des pays et assurer une coordination plus étroite avec les partenaires pour le développement.
En tant qu'ancienne dirigeante, je sais de première main la contribution essentielle que les institutions économiques peuvent apporter à l'élaboration de mesures qui ont de véritables effets sur la vie de tout un chacun. La tâche laborieuse consistant à renforcer les fondements de l'économie n'a rien de prestigieux, mais c'est celle qui peut avoir la plus forte incidence à long terme sur le bien-être économique et social de la population. Alors que le monde sort du Grand Confinement, les dirigeants et les partenaires pour le développement devraient faire de la reconstitution d'institutions plus fortes et plus résistantes une priorité absolue.
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