Haïti - Consultations de 2005 au titre de l'article IV, Déclaration des services du FMI
le 16 mars 2005
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Une mission du Fonds Monétaire International (FMI) s'est rendue à Port-au-Prince du 6 au 16 mars 2005, dans le cadre des consultations de 2005 au titre de l'article IV avec les autorités haïtiennes. Les entretiens ont porté sur un large éventail de questions, en privilégiant toutefois le programme économique à court terme du Gouvernement de Transition ainsi que les politiques et réformes structurelles qui seront nécessaires pour étayer la croissance et la stabilité macroéconomique à moyen terme. La mission présentera ses conclusions à la direction du FMI dès son retour à Washington, et le Conseil d'administration devrait achever la revue de l'économie haïtienne en mai prochain.
D'après les données communiquées par les autorités haïtiennes, le PIB réel a enregistré, en 2003/04 (octobre - septembre), un recul de 3,8 % imputable à la fois aux troubles civils et à la rébellion armée du début 2004 et aux dévastatrices inondations de mai et septembre. Depuis mars 2004, cependant, des progrès encourageants ont été accomplis dans le rétablissement de la stabilité financière et économique. Les autorités ont mené à bien le programme de référence de six mois qui s'est achevé en septembre dernier, et - en s'appuyant sur le cadre de coopération intérimaire (CCI) convenu avec les bailleurs de fonds en juillet 2004 - elles ont mis sur pied un programme de stabilisation pour 2004/05 qui est soutenu par le FMI au titre de l'aide d'urgence aux pays sortant d'un conflit (communiqué de presse No. 05/4 du FMI).
Le programme du gouvernement pour 2004/05 vise à consolider les acquis de la stabilité macroéconomique et à relancer l'économie. Il s'est donné pour objectifs de porter la croissance du PIB réel à 2,5 %, de ramener la hausse des prix à la consommation autour de 12 % (en fin de période) et d'augmenter les réserves internationales nettes (RIN) de la Banque de la République d'Haïti (BRH) au niveau de 85 millions de dollars. Les recettes publiques et l'assistance extérieure inscrites au budget de 2004/05 devraient permettre de mieux assurer les services publics essentiels et de financer les investissements tout en favorisant l'effort de gouvernance et de transparence dans le secteur public.
La mission a estimé que le programme appuyé par l'aide d'urgence aux pays sortant d'un conflit est dans l'ensemble bien engagé, que tous les objectifs fixés pour la fin décembre ont été atteints et que la plupart des mesures structurelles ont été mises en oeuvre comme prévu. Le commerce extérieur a retrouvé ses niveaux d'avant la crise, la gourde reste stable, l'inflation (en rythme mensuel) ralentit et les réserves internationales nettes de la BRH ont augmenté. Des progrès bienvenus ont aussi été enregistrés sur le front structurel : la loi de finances approuvée avant le début de l'exercice a été publiée, les dépenses discrétionnaires à partir des comptes courants ont été sensiblement réduites, les travaux préparatoires à l'audit des principales entreprises publiques ont été initiés et l'audit intérimaire de la BRH a été effectué. La mission a encouragé les autorités à mettre en œuvre des mesures vigoureuses pour mener à terme les réformes engagées dans le cadre du programme en cours, en particulier à compléter le recensement des effectifs dans le secteur public et des arriérés domestiques de l'État et de renforcer la gestion publique et la transparence.
La mission a examiné avec les autorités les mesures visant à protéger les objectifs budgétaires retenus dans le programme et, en particulier, les dépenses prioritaires de protection sociale et de sécurité. Pour faire face à l'insuffisance des recettes publiques entre octobre 2004 et janvier 2005, estimé à 0,3 % du PIB, le gouvernement a adopté des mesures afin d'éviter des dérapages. La mission a également encouragé les autorités à renforcer le processus d'exécution du budget et à utiliser en totalité les ressources disponibles dans le cadre des paramètres du programme. Les autorités et l'équipe du FMI sont convenues qu'il était nécessaire d'accélérer le décaissement de l'aide des bailleurs de fonds pour stimuler la reprise économique, créer des emplois et développer les principaux services sociaux. Le gouvernement et les bailleurs de fonds sont encouragés à mieux coordonner l'aide et à engager dès que possible les projets convenus dans le CCI.
L'objectif de la politique monétaire restera de ramener l'inflation à un taux de 12 pourcent pour l'exercice en cours. La BRH est déterminée à poursuivre sa politique de taux de change flexible et évitera d'intervenir sur le marché des changes, sauf si cela est nécessaire pour atteindre l'objectif de RIN. Elle est prête à émettre des obligations de la BRH et à relever les taux d'intérêt, le cas échéant, pour atteindre les objectifs d'inflation et de réserves extérieures du programme et pour préserver la stabilité financière.
Les autorités et la mission ont aussi évoqué les hypothèses sur lesquelles reposeront la loi de finances pour 2005/06 et le cadre de politique macroéconomique à moyen terme. Selon les hypothèses préliminaires, le budget de 2005/06 tablera sur une croissance du PIB de 3 % et une inflation inférieure ou égale à 10 %. Les recettes intérieures (9¾ % du PIB) devraient couvrir les dépenses courantes et le déficit global - qui augmenterait pour atteindre 7¾ % du PIB - serait couvert en totalité par des prêts extérieurs assortis de conditions concessionnelles et des dons.
La mission a recommandé d'engager rapidement le processus de préparation du budget afin de faciliter la planification et la coordination avec les donateurs. Ce cadre, dans lequel s'inscrira la loi de finances pour 2005/06, devrait aider le gouvernement issu des élections à assurer la stabilité macroéconomique et à créer les conditions requises pour que la communauté internationale reste engagée en Haïti. À moyen terme, l'accélération des réformes structurelles et l'augmentation substantielle de l'aide externe stimuleraient l'investissement dans les infrastructures intérieures et les ressources humaines et porteraient la croissance du PIB réel aux alentours de 4 % - 5 %.
Les autorités entendent solliciter, au milieu de 2005, le second achat au titre de l'aide d'urgence aux pays sortant d'un conflit. Les services du FMI continueront d'entretenir un dialogue suivi et une coopération technique étroite avec les autorités haïtiennes afin de les accompagner dans la mise en oeuvre de leur programme économique. La mission souhaite remercier les autorités pour les discussions productives et amicales tenues pendant son séjour en Haïti.
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