Retranscription d’une audioconférence sur la cinquième revue de l’accord de confirmation conclu avec la Tunisie
le 18 décembre 2014
Washington, D.C.18 décembre 2014
By Amine Mati, Chef de mission pour la Tunisie (FRENCH)
WAFA AMR – Bonjour. Je m’appelle Wafa Amr et je suis Chargé de communication au FMI. Je vous souhaite la bienvenue à cette audioconférence sur la cinquième revue de l’accord de confirmation conclu avec la Tunisie. Je vais donner la parole à M. Amine Mati, Chef de mission pour la Tunisie, qui formulera quelques observations liminaires, puis répondra à vos questions.
AMINE - Merci beaucoup Wafa, merci à tout le monde d’être là et merci de nous rejoindre pour cette conférence de presse qui fait suite à la conclusion de la réunion du conseil d’administration du FMI sur la cinquième revue du SBA. Je rappelle que suite à cette revue, cent cinq millions de dollars ont été décaissés. Ce qui porte le montant total à 1,15 milliards de dollars que le FMI a décaissé pour cet accord de confirmation de deux ans, qui est pour un montant total de 1,8 milliards. Cet accord qui se finirait en juin 2015. Donc en complétant cette cinquième revue, quelle a été l’évaluation? Premièrement, l’économie tunisienne a été résiliente aux chocx pendant une période qui a été caractérisée par un environnement économique internationale défavorable et avec des répercussions de conflits régionaux et une situation intérieure difficile. Malgré tous ces chocs, on retrouve que l’activité économique a progressé avec un taux de croissance positif, l’inflation reste maitrisée, les réserves sont restées supérieures au seuil critique de trois mois d’importation et la position budgétaire reste soutenable avec des objectifs supérieurs à ceux prévus sous le programme. Bien sûr, ce qui reste, c’est que les défis dont l’économie tunisienne doit faire face sont importants. Le niveau de chômage reste élevé. Les fragilités du secteur bancaire sont encore présentes et on a un déficit extérieur qui reste élevé, avec un déficit de la balance des paiements qui est supérieur à 8% du PIB. Cela dit, les résultats donc les critères quantitatifs qui faisaient partie de cette revue ont tous été respectés , bien que d’un autre coté, les réformes structurelles ont progressé plus lentement que prévu et avec un certain retard y compris pour recapitaliser et restructurer les banques publiques.
- La consolidation des dépenses publiques est importante et a continué à réduire les vulnérabilités. Pour 2014, il y a une performance qui est meilleure que prévue bien qu’il y ait eu une composition au niveau des dépenses qui n’étaient pas celles prévues parce qu'on retrouve des dépenses en capital en deçà du niveau budgétisé. Mais lorsqu’on regarde le budget de 2015, il a été fait pour ancrer la stabilisation macro-économique tout en sauvegardant les dépenses d’investissements et les dépenses sociales prioritaires c’est-à-dire avec l’idée d’avoir une bonne composition du budget tout en gardant les grands équilibres. Quelles seraient les politiques à suivre dans ce domaine ? La poursuite de la réduction des subventions énergétiques, une meilleure maitrise de la masse salariale, qui sont déjà dans le budget 2015 ainsi que l’idée de conserver les économies qui pourraient être dégagées suite à la baisse des cours mondiaux du pétrole dans le futur. Le gouvernement a aussi initié des réformes favorables à la croissance y compris en commençant par celles dans les entreprises publiques, dans la gestion des finances publiques, dans l’administration fiscale y compris au point de vue de l’équité et pour améliorer la capacité d’absorption pour les dépenses d’investissements bien que celles-ci progressent un peu plus lentement.
- Du coté de la politique monétaire, vu la baisse des prix mondiaux des produits de base et la politique monétaire qui a été conduite jusqu'à présent, l’inflation reste en baisse: 5,2% en glissement annuel à fin novembre. Une politique monétaire restrainte contribuerait à alléger les pressions sur les taux de change. Une plus grande flexibilité du taux de change notamment en continuant d’intervenir sur les marchés des changes que pour atténuer les fortes fluctuations des taux de change aidera aussi à renforcer les niveaux de réserves et corriger les déséquilibres que l’on retrouve au niveau de la balance des paiements.
- Du coté du secteur financier, je dirais que la préparation pour la recapitalisation et la restructuration des banques a été faite et complète. L’effort entrepris par le gouvernement pour allouer dans le budget de l’état 2014 et 2015 les montants nécessaires pour recapitaliser les banques publiques est important et louable. Ceci indique que la préparation est là pour aller de l’avant dans la réforme bancaire et la prochaine étape maintenant est la mise en œuvre de cette recapitalisation et de cette restructuration en ligne avec les meilleures pratiques internationales. Ceci est important pour relancer l’intermédiation financière et essayer d’aider le développement du secteur privé. Bien sûr ceci devrait s’accompagner avec des réformes au niveau du cadre de résolution bancaire, de l’AMC, ce qu’on appelle l’Asset Management Company (, la société de gestion et de recouvrement) qui permettrait de renforcer la stabilité financière.
- Pour l’objectif du programme du gouvernement qui est appuyé par le FMI, il y a trois volets: la stabilité macro-économique, générer une croissance plus inclusive et le troisième protéger les populations vulnérables. Pour générer une croissance plus inclusive et plus solidaire, il est important d’avancer plus vite dans les réformes structurelles pour améliorer le climat des investissements et ceci implique l’approbation et l’avancée d’un certain nombre de lois qui sont aujourd’hui toujours au parlement comme la loi sur les PPP, la loi sur la concurrence, la loi sur les procédures collectives, la loi sur la faillite. Toutes ces lois sont importantes pour développer le secteur privé et je pense que le signal qui a été envoyé par le parlement qui a adopté le budget 2015 une semaine après son inauguration. Ceci est une perspective positive quand à l’adoption au plus vite les lois nécessaires pour le développement de l’économie tunisienne. Voilà, c’était avec ces quelques remarques que je voulais ouvrir la discussion et je suis prêt à répondre à des questions si vous en avez. Merci !
WAFA - Merci beaucoup Amine. we will now take your questions.
QUESTIONER : Alors je vais poser une question. Dites-moi ne pensez-vous pas que le gouvernement lors de son mémorandum de août dernier un déboursement de plus de 120 millions de dollars? Quelle est la raison pour laquelle le Conseil n’a pu approuver qu’un déboursement de 104 millions de dollars ? Ce serait ma première question et puis est-ce que le Conseil a approuvé la multiplication des critères tels que ceux qu’ils ont été demandés par ce mémorandum et donc est-ce que le FMI dans sa revue s’est basé n’ont pas sur les critères et les repères de 2014 mais sur les critères et repères qui ont été proposés par le gouvernement dans son mémorandum d’août et quels sont les repères et les critères sur lesquels va se baser le FMI pour 2015 ?
AMINE - Alors je vais répondre maintenant. Merci beaucoup pour ces deux questions. Pour la première, je dirais que les décaissements ont été ajustés en fonction des besoins de balances de paiement et de l’avancée dans les réformes. Au des besoins de balance de paiement lors du prochain trimestre avec la venue d’un nouveau gouvernement, on a tous jugés opportun (le gouvernement et l’institution du FMI) que le montant de 110 millions de dollars pour cette revue et 330 millions de dollars lors de la prochaine revue de mars serait un niveau adéquat qui permettrait de garder des réserves au niveau du quatrième trimestre de 2014 à 3,5 mois d’importation et pour le premier trimestre de 2015 les rétablir à un peu plus de 3,9 mois d’importation donc continuer à garder les 'buffers' et la raison est, vu les contraintes de financement aujourd’hui au niveau de la balance des paiements et du budget, le gouvernement a pensé que ce montant est suffisant et en ligne avec l’avancée dans les réformes.
- Lorsque vous parlez des critères quantitatifs, je suppose ceux qui ont été fixés en août 2014, c’est par rapport à ces repères et ces critères quantitatifs au niveau du déficit, au niveau des réserves internationales nettes et au niveau des avoirs que la Tunisie a très bien performé. Tous ces repères ont été atteints avec une marge importante. Bien sûr après il y a des ajustements techniques, je ne rentrerai pas dedans (mais ce sont ceux faits pour certains encaissements de bailleurs qui ne sont pas venus, et c’est des ajustements typiques qui existent), mais tous les repères ont été atteints avec une marge importante à fin septembre. Pour la fin de l’année 2014, certains repères ont été modifiés compte tenu des développements au niveau de la situation extérieure et au niveau du budget et donc qui ont été révisés. Ce sont les nouveaux repères qui ont été fixés pour 2014 et pour certains y compris par exemple pour la performance fiscale au niveau de 2014 qui a été révisée à la baisse, c’est-à-dire qu’on s’attend à une meilleure performance au niveau de l’execution budgétaire en 2014 par rapport à ce qui était prévu. Pour 2015, quels seraient les repères ? Le budget que le gouvernement a présenté est à notre sens tout à fait approprié avec les bonnes priorités et avec un objectif budgétaire convenable qui permet la soutenabilité de la dette et qui permettrait de rééquilibrer les dépenses vers des dépenses d’investissement et des dépenses sociales prioritaires sur lesquels se baserait le l’objectif du programme. A rappeler que le programme actuel se finit en fin 2015 donc c’est vrai qu’on a l’objectif pour la fin de l’année mais on n’aura que deux autres revues qui resteraient pour ce programme, qui couvriraient les objectifs de fin décembre 2014 et les objectifs de fin mars 2015.
QUESTIONER :Vous avez parlé des fonds alloués pour les banques publiques. Vous avez parlé de la restructuration avec les banques. Je pense que la restructuration dépasse la gestion de ces fonds et pour l’instauration d’une bonne gouvernance de ces banques, cela exige la technique étrangère, chose refusée par le gouvernement tunisien. Qu’est-ce que vous pensez là-dessus ?
AMINE - Je pense que sur les banques publiques, il y a beaucoup qui a été fait déjà. Il faut se rappeler qu’un audit a été fait sur les trois banques publiques, qui a adressé quelles étaient les fragilités et les lacunes, y compris dans la gouvernance , le système d’information, la qualité des actifs, ainsi que le modèle de gestion et le 'business model' de la banque qu’il faut changer. Il y a aussi des plans de restructuration qui ont été faits : deux qui ont été déjà adoptés par le gouvernement et qui restent à adopter par l’assemblée générale, celui d’une troisième banque est en cours d’élaboration et presque finie et ces plans de restructuration ont deux aspects : le premier aspect est l’aspect recapitalisation qui est nécessaire pour pouvoir mener à bien la restructuration et retransformer le modèle de la banque et ce que j’appelle la restructuration opérationnelle, c’est-à-dire un changement dans la gouvernance de ces banques y compris du conseil d’administration du business model, de quels sont les genres d’opérations que les banques pourront faire et un moyen d’adresser la qualité des actifs. Un des moyens pour une des banques, c’est de résorber les créances touristiques qui sont un problème. C’est pour ça qu’il y a eu tout un projet de loi qui a été fait et qui reste à passer à l’assemblée pour la société de gestion et de recouvrement et tout ceci doit bien sûr se baser accompagné par une un nouveau cadre de modernisation de la législation bancaire, que ce soit la loi sur la faillite ou la loi bancaire (pour qui est de bonnes procédures de resolution bancaires) et dans la supervision bancaire elle-même. Mais pour répondre à vos questions, je dirais que les deux (recapitalisation et restructuration) doivent aller en même temps et certaines de ces expertises internationales dont vous parlez est déjà présente sur le terrain avec l’apport de ces cabinets internationaux qui font les audits et qui sont aussi en train d’aider les autorités à préparer leurs plans de restructuration pour chacune de ces banques, qui bien sûr restent à être approuver par le conseil d’administration des banques et l’assemblée générale des banques. Merci !
QUESTIONER: C’est encore moi. J’ai trouvé deux ou trois questions sur la politique financière des banques. Je ne sais pas si vous êtes au courant mais on vient de créer un fonds de restructuration pour les banques. Or il ne me semblait pas que c’était un projet qui était envisagé par le gouvernement. Donc je vous pose la question : est-ce que le FMI a approuvé ce genre de soutien, ce genre d’engagement de la part du gouvernement ? A quoi va-t-il servir et comment va-t-il fonctionner ?
- Il est prévu de rajouter 1000 milliards et le fonds est dimensionné pour 600.
- C’est entièrement la politique de change, on commence à s’interroger sur cette flexibilité qui ne cesse de détériorer le taux de change. Ne serait-il pas aujourd’hui temps de faire les choses sur cette politique de flexibilité ou de taux de change et de relever un temps soit peu sur le taux directeur de la banque centrale et de s’orienter un peu plus vers un resserrement de la politique monétaire de la banque centrale. Ça c’est ma deuxième question et ma troisième est concernant le budget ou la politique budgétaire : effectivement sur les critères et les repères établis par le gouvernement, il y a eu une modification, c’est un changement. Si les critères ont été atteints au niveau de la politique budgétaire, c’est principalement au détriment du budget de l’investissement qui a tenu en 2014 sa portion la plus congrue. Il me semble que pour 2014, cela va être le plus faible montant du budget d’investissement qui va être utilisé. Est-ce que ça ne risque pas de poser quelques problèmes en 2015 aussi ?
AMINE - Désolé , pour la dernière question, quelle est la question sur la politique budgétaire ?
QUESTIONER : Je disais les critères et les repères sur lesquels se sont accordés le gouvernement et le FMI, ont été atteints tel que vous le dites mais ces critères et ces repères ont été atteints au détriment du budget d’investissement et qui n’a pas été a la hauteur et donc ce n’est qu’un simple jeu d’écriture au niveau budgétaire, est-ce que cela ne risque pas de se réitérer l’année prochaine aussi et donc de ne pas permettre une suffisance de marge de croissance pour le pays si le budget d’investissement reste en état ?
AMINE - D’accord, merci beaucoup. Je vais répondre aux trois questions. Le fonds de restructuration des banques, c’est l’expérience qui a été faite dans des pays comme l’Espagne ou un fonds a été créé et en fait ce serait un moyen d’avoir une institution qui dirigerait un peu le processus avec bien sûr des procédures de gouvernances adéquats. C’est très important que cela puisse être fait selon des procedures claires. Ce fonds pourrait avoir les fonds du budget de l’état qui devraient être alloués aux banques et aussi dans le futur. Si vous vous rappelez la stratégie du gouvernement et ce n’était pas nouveau ; lorsque le gouverneur et le ministre des finances ont présenté la stratégie bancaire, il y avait ce fonds de restructuration bancaire qui était discuté et y compris avec l’idée qu’il y aurait peut-être une cession de la part minoritaire du gouvernement dans les banques ou il est minoritaire. En fait, le gouvernement est minoritaire dans huit ou neuf banques et qu’au fur et a mesure que cette part minoritaire serait donnée, il y aurait l’argent qui pourrait être destiné à la restructuration, à la recapitalisation des banques publiques ou le gouvernement est majoritaire. Alors, est-ce que ceci peut fonctionner ? Oui, ça l’a été dans d’autres pays. Quelles sont les modalités ? Je crois que c’est encore en cours d’élaboration et les autorités sont en train de travailler là-dessus. Et je répète, ce qui est important sur ce fonds et sur la modalité elle-même de la restructuration des banques et la bonne gouvernance est d’être sûr que le processus de recapitalisation et de restructuration abordent les bonnes pratiques internationales y compris pour le fait qu n’y a pas de 'bail out' des actionnaires privés. Et je répéterai ce que je disais tout à l’heure; la préparation du coté des autorités est bien avancée et je dirais presque complète. Ce qui reste maintenant, c’est vraiment la mise en œuvre avec l’habilité d’utiliser l’argent pour recapitaliser ces banques et le processus de restructuration qui doit commencer.
- Sur la politique de change, c’est bien que vous parlez de flexibilité, mais il faut aussi voir cette flexibilité dans les deux directions. On peut avoir un taux de change qui se déprécie comme c’est le cas aujourd’hui vu les déséquilibres et on peut avoir un taux de change qui s’apprécie. C’est pour cela qu’on est tout à fait d’accord. Je crois que les autorités le sont aussi, qu’un resserrement de la politique monétaire surtout un resserrement qui permettrait d‘aller vers un taux d’intérêt réel positif, permettrait de rendre le Dinar plus attractif et de réduire la dépréciation du taux de change qui reste surévalué encore aujourd’hui, vu le déficit qui existe. Certains posent la question : est-ce qu’une dépréciation du taux de change aide, vu ce qui se passe dans les économies, chez les partenaires commerciaux de la Tunisie. Je dirai que cela aide à garder la part du marché des exportations du produit tunisien et cela aide à préserver les réserves de change de la Tunisie qui sont a 3,5 mois d’importations et c’est important de garder ces 'buffers' pour la confidence, pour la confiance. Sur la politique budgétaire, je dirais oui à votre question avec la proposition
QUESTIONER : pardon Amine mais est-ce qu’il n’y a pas une relation entre la faiblesse de liquidités du système bancaire par rapport à cette flexibilité du taux de change et qui risque de perdurer alors qu’en fait, si on voyait en amont. C’est un problème de liquidités du système bancaire qui est le plus gros des problèmes et non pas un problème de flexibilité du taux de change.
AMINE - bien c’est un peu lié aux deux. Que reflète le taux de change ? C’est ce qui se passe dans le marché. Vous avez des grosses importations au niveau des produits énergétiques. Certaines exportations baissent notamment les phosphates. On se retrouve avec un déficit courant de 8% du PIB. On a un investissement direct étranger qui n’a pas encore repris et donc je dirais que le taux de change reflète un peu ce qui se passe dans le marché. A une époque, vous vous rappelez il y a trois mois, il y a eu une appréciation lorsque les détenteurs de comptes professionnels de devises, après la réglementation introduite par la Banque Centrale qui demandait aux banques que les détenteurs de comptes professionnels en devises utilisent bien l’argent pour les importations de transactions courantes c’est-à-dire respecter la réglementation en vigueur aujourd’hui en Tunisie. Je pense que le développement actuel—y compris avec ce qui se passe avec l’Euro—
- reflète plus ce qui se passe avec le marche bien qu’on a pu voir lorsque vous regardez le taux de change lors du dernier mois qu’il se déprécie moins et qu’il est plus apprécié que ce qui est arrivé les trois mois précédents. Est-ce que c’est lié à la liquidité ? Oui mais comme vous l’avez si bien dit tout à l’heure, si le taux d’intérêt réel devient plus positif et le Dinar devient plus attractif, cela pourra aider à améliorer la valeur ou l’attraction du Dinar.
- Sur la politique budgétaire, je voudrais deux choses là-dessus: Oui, il y a eu une meilleure performance à cause d’une sous exécution des dépenses d’investissement qu’on estime à 85-90% pour 2014, c’est-à-dire on aurait une exécution des dépenses d’exécution d’investissement à peu près 40% sur le dernier trimestre de l’année. Il ne faut quand même pas négliger l’effort qui a été fait pour maitriser la masse salariale au niveau budgétisé, l’effort qui a été fait pour maitriser les dépenses au niveau des subventions énergétiques bien qu’il y ait eu des dépenses additionnelles au niveau des transferts pour la CNRPS et aussi l’effort qui a été fait malgré une conjoncture difficile pour avoir des revenus qui sont en hausse (plus élevés que ce qui a été prévu, y compris grâce a la contribution exceptionnelle de ce dernier trimestre, qui a été prélevé les salaires et sur les entreprises). Cette plus value a été faite malgré, malgré le fait que le taux de croissance pour l’année 2014 a été révisé à la baisse à 2,4%. Donc, ce qui s’est passé au niveau des revenus est une bonne performance, y compris au niveau de l’administration fiscale pour collecter les impots.
D’autres questions ? Oui, s’il vous plait ?
QUESTIONER : On voit que le FMI a prévu une croissance de 3,7 pour la Tunisie. Il se trouve que deux jours plus tôt, l’institut arabe des chefs d’entreprises avait publié une étude qui abonde un peu dans le même sens que celle du Fonds. Elle prévoit 3,8. Donc en matière d’horizon de croissance pour cette année, je pense qu’on a été un peu chiche parce que il y aura un retour vers la stabilité et probablement vers la croissance. On a oublié de rajouter une petite prime à la stabilité. Je pense et vous savez que le climat des affaires se nourrit de la stabilité et de la confiance. On pourrait crever le plafond des 5%. Est-ce que cela vous pourrait plausible ?
AMINE - Merci beaucoup pour cette question et peut-être je vais faire une petite mise-à-jour de ce coté-là. Le chiffre de 3,7% des services du Fonds qui a été publié dans le rapport régional en fait a été actualisé avec les autorités lors de la mission en fonction de deux développements : (i) ce qui est arrivé lors du premier semestre de 2014 c’est-à-dire avec un taux de croissance qui s’est rapproché des 2,1% et également révisé a 2,3% d’après les derniers chiffres ; (ii) et du à l’impact des réformes et la mise en place du gouvernement qui viendrait peut-être en début d’année. Donc en fait, le taux de croissance que les autorités ont dans le budget est le même que le notre, et est de 3%. Ceci est le chiffre que vous verrez dans notre prochain update, et c’est pour ca dans le REO, c’était les chiffres qu’étaient arrêtés en fin septembre et qui a été présente en aout mais qui ont été actualisés depuis, et donc plus bas que le chiffre que vous avez : 3,7 et 3,8 c’est le chiffre que l’Institut Arabe et les chefs d’entreprises a sorti. Vous allez me dire : quelle est la raison ? Pour cela je dirais la prudence vu les incertitudes qui existent au niveau des partenaires commerciaux de la Tunisie. Au vu du fait que tous les investisseurs à qui on a parlé et beaucoup d’entreprises sont encore un peu je dirais en attente de voir quelle est la formation du nouveau gouvernement et son programme. Bien que lorsque le gouvernement a présenté sa vision économique lors de la conférence « Investir en Tunisie » en septembre 2014, c’était une vision qui a été partagée par beaucoup de partenaires sociaux et par les partis politiques. Les opérateurs économiques savent donc un peu quelles sont les reformes à venir mais il y a encore un peu sentiment d’attentisme. Et il y a un certain nombre de réformes qui sont la pour aider le secteur privé y compris dans le secteur bancaire qui doit encore venir en marche en 2015 et qui pourrait vraiment faire gagner en termes d’investissement et de confiance. Donc 3% est peut-être un chiffre que je dirais prudent. Regarder ce qui est arrivé les deux dernières années, le taux de croissance a toujours été révisé à la baisse donc là avec 3%, je dirais que c’est un chiffre qui reste réaliste et prudent. Bien sûr les évènements positifs pourraient parvenir avec un regain de confiance plus important que prévu au niveau politique avec les investisseurs qui reviennent beaucoup plus, avec un retour de circonstance chez les partenaires commerciaux qui pourrait aider. Mais aujourd‘hui, on pense que 3%, vu l’environnement et la conjoncture internationale, pour la Tunisie, pour 2015 resterait prudent. Comme vous l’avez surement vu : le magazine « the Economist » a reconnu la Tunisie comme « country of the year » vu les développement politiques positifs. Toute cette confiance viendrait peut-être s’ajouter à d’autres, y compris des rating agencies, qui pourraient améliorer le climat des affaires, qui bénéficierait également des améliorations du coté sécuritaire.
QUESTIONER : Merci beaucoup, il me reste une deuxième question.
AMINE - Avec plaisir.
QUESTIONER : Une reforme fiscale est sur le point d’être finalisée. Est-ce que vous en avez eu connaissance d’abord ?
AMINE - Je sais qu’une reforme fiscale est en cours de finalisation. C’est une reforme fiscale qui ne date pas d’hier, sur laquelle les autorités ont travaillé pendant les deux dernières années, qu’il y a eu des journées de préparation, qu’il y a eu en novembre dernier justement les assises nationales de la fiscalité et sur lesquelles découleront certaines reformes qui devront aller vers l’équité et l’efficacité du système fiscal et je pense que c’est une bonne chose d’aller de l’avant dans ce sens-la.
QUESTIONER : Bien mais ne trouvez-vous pas qu’elles laissent de coté, le financement du déficit des entreprises publiques ? C’est un problème qui secoue un peu le système financier national.
AMINE - Le déficit des entreprises publiques, je ne lierai pas cela directement a la réforme fiscale. Celle-ci a deux volets : la politique fiscale et l’administration fiscale— et qui toucherait toutes les entreprises publiques et privées— et qui devrait trouver le meilleur système qui devrait être plus efficace et équitable. Monsieur le ministre des finances parlait hier lorsque je voyais la presse, de la convergence des taux de l’impôt sur les sociétés, ce serait une mesure qui serait liée à la reforme et ferait partie des changements qui amèneraient plus d’équité. La révision du régime forfaitaire y contribuerait. Tout cela fait partie des facteurs qui pourraient permettre une croissance plus inclusive. Alors pour les entreprises publiques, oui je suis tout à fait d ‘accord avec vous qu’il y ait une reforme qui doit être faite de ce coté-là. Celle-ci a été commencée par des audits pour analyser la situation des entreprises énergétiques. Certaines mesures pour essayer de réduire le déficit de ces entreprises ou d’essayer d’amener plus de transparence vont être prises en janvier 2015 ; le fait par exemple que la STEG et la STIR vont importer directement les produits pétroliers au lieu de l’ETAP, éliminant ainsi les subventions croisées. Il y a des plans de restructuration ou d’assainissement qui sont faits pour certaines entreprises publiques et je suis d’accord avec vous qu’il faut voir quelle est la situation de ces entreprises publiques, la raison pour ces déficits et prendre des mesures pour pouvoir régler cette situation et comme cela a été fait ou commencé pour certaines par un audit en vue de restructurer et assainir le bilan de ces entreprises.
QUESTIONER : Bien, une dernière question mais de politique financière cette fois si vous le permettez ? Vous savez que le plan Jalloul Ayad a été présenté par (inaudible) prévoyait la création de deux cellules de capital, l’une publique avec la caisse de dépôts et de compensation et celle-ci est déjà opérationnelle et l’autre privé avec un fonds d’investissement destiné à booster l’investissement privé. Est-ce que vous soutiendrez pour 2015, appuierez la fondation d’un tel fonds ? Est-ce que vous les remettrez a jour ?
AMINE - Ecoutez, Ca serait difficile de se prononcer là-dessus. Je ne connais pas les modalités de ce fonds ou pas ni le but de ce fonds mais je dirais que pour promouvoir l’investissement du secteur privé en Tunisie, il faudrait déjà bien assainir le climat des affaires y compris par certaines législations dont on a parlé et par essayer de réduire la réglementation qui est excessive et qui entraverait le développement du secteur privé. Ceci pourrait être renforcé par l’investissement public dans certaines régions marginalisées qui permettrait à l’investissement privé d’aussi venir. Donc c’est dur de me prononcer à cette question sans savoir qu’est-ce que ce fonds privé ferait ou comment est-ce qu’il aiderait l’investisseur privé à venir.
QUESTIONER : Quand est-ce que vous venez pour la prochaine revue ?
AMINE - La prochaine revue, ce sera pour voir les repères de fin décembre et il faudra que l’on voie le nouveau gouvernement qui sera en place et d’essayer d’évaluer ces repères donc je dirais probablement fin février, début mars. Cela dépend du timing du prochain gouvernement et quand est-ce qu’il sera prêt à nous recevoir. Et la prochaine mission sera aussi une mission qui non seulement couvrira le repère mais qui sera aussi une mission qu’on appelle « l’article IV »et qui va aussi évaluer les perspectives à moyen termes de la Tunisie.
QUESTIONER : Vous avez un pronostic pour le scrutin de dimanche ?
AMINE - Non, on n’a pas de pronostic. Vous êtes sur le terrain. Vous savez mieux que nous mais on suit la situation. Je crois que tout ce qui s’est passé du coté politique en Tunisie est positif et tous ces développements avec laréussite d’élections qui sont libres et transparentes est un exemple pour beaucoup dans la région.
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