Communiqué de presse : Le Conseil d’administration du FMI conclut les consultations de 2015 au titre de l’article IV avec le Cameroun

le 24 novembre 2015

Communiqué de presse n°15/534
24 novembre 2015

Le 18 novembre 2015, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations au titre de l’article IV avec le Cameroun1.

Contexte

L’économie camerounaise a fait preuve de résilience face au double choc de la chute des prix du pétrole et de la montée des menaces pour la sécurité, et la croissance vigoureuse de 2014 s’est poursuivie en 2015. La croissance devrait être diversifiée et atteindre 5,9 % en 2015, portée par l’augmentation de la production pétrolière et les secteurs qui profitent de l’expansion actuelle de l’investissement public. L’inflation annuelle devrait s’élever à 2,8 % et n’a pas trop subi les effets de l’augmentation de 15 % des prix administrés des carburants le 1er juillet 2014. Les recettes totales devraient augmenter en 2015 grâce à une forte performance de l’impôt non-pétrolier. Cependant, le déficit budgétaire devrait se creuser et atteindre 5,4 % du PIB, car les recettes souffrent de la baisse des prix du pétrole et les dépenses d’équipement continuent d’augmenter. Le recours à des financements extérieurs, y compris non concessionnels, pour les dépenses d’équipement a entraîné une forte hausse (à partir d’un niveau de base faible) de la dette publique extérieure, qui représentait 17,8 % du PIB fin 2014. Le déficit des transactions extérieures courantes devrait augmenter pour passer à 5,1 % du PIB, du fait de la baisse des prix des exportations et de la vigueur persistante des importations, portée par l’expansion de l’investissement.

La croissance devrait ralentir à 5,2 % en 2016, du fait de la stabilisation de la production pétrolière. L’inflation devrait rester faible, à 2,2 %, parallèlement à la tendance modérée des prix des principaux produits de base importés et à la faiblesse de l’inflation dans la zone euro. Le déficit budgétaire devrait se creuser à 7,2 % du PIB, en raison du dynamisme persistant de

l’investissement public et de l’augmentation des dépenses de sécurité. Le déficit des transactions extérieures courantes devrait augmenter pour atteindre 5,3 % du PIB : la vigueur persistante des importations et le choc de 2015 sur les termes de l’échange continuent de faire sentir leurs effets. Le secteur financier reste relativement sain et dispose de liquidités excédentaires, bien que ces dernières aient diminué depuis le début de la baisse des prix du pétrole et l’expansion de l’investissement. Par ailleurs, les prêts improductifs dans le secteur bancaire sont passés de 10,2 % du total des prêts en juin 2014 à 13,1 % un an plus tard ; une tendance similaire est observée pour les établissements de microfinance. La supervision bancaire aux niveaux national et régional a été améliorée. La COBAC reste attentive aux tensions financières qui pourraient résulter de la faiblesse prolongée des prix du pétrole et aux éventuels effets de débordement régionaux.

Les perspectives à moyen terme se sont quelque peu détériorées depuis les dernières consultations au titre de l’article IV, du fait de la détérioration des perspectives du pétrole et d’autres produits d’exportation, en plus des menaces pour la sécurité. La baisse des recettes pétrolières et les dépenses de sécurité devraient réduire l’espace budgétaire. Dans ce contexte, le déficit budgétaire global devrait rester supérieur à 5 % du PIB jusqu’en 2018, après quoi le programme d’investissement public retrouvera un niveau plus normal et le solde budgétaire devrait s’améliorer. Le déficit des transactions extérieures courantes devrait atteindre 5,3 % du PIB, suite au niveau soutenu et élevé des importations et à l’impact du choc de 2015 sur les termes de l’échange.

Les risques entourant les perspectives sont principalement d’ordre externe : il s’agit notamment d’une baisse supplémentaire des prix du pétrole et d’une augmentation des menaces pour la sécurité. Parallèlement, des risques internes, tels que les engagements conditionnels des entreprises publiques, pourraient peser sur les finances publiques.

Évaluation par le Conseil d’administration2

Les administrateurs souscrivent à l’orientation générale de l’évaluation effectuée par les services du FMI. Ils se félicitent de la remarquable résilience de l’économie camerounaise et du maintien de sa solide croissance, jusqu’à présent, en dépit de la chute marquée des cours mondiaux du pétrole et de l’aggravation des menaces sécuritaires dans la région. Tout en reconnaissant la nécessité de combler les déficits d’infrastructure, les administrateurs notent que les vulnérabilités budgétaires et extérieures s’accentuent en raison du repli des recettes pétrolières et d’un ambitieux plan d’investissement public. Ils soulignent que de saines politiques en matière de budget et de gestion de la dette et des réformes structurelles plus ambitieuses sont essentielles pour préserver la stabilité macroéconomique, doper l’investissement privé et promouvoir une croissance plus forte, durable et inclusive.

Les administrateurs soulignent combien il est important d’améliorer la discipline budgétaire. Ils encouragent les autorités à adopter un budget prudent fondé sur une hypothèse réaliste du cours du baril et à élaborer une stratégie crédible de rééquilibrage à moyen terme. Ils saluent le travail récemment réalisé sur le plan de la mobilisation des recettes fiscales et recommandent de redoubler d’efforts pour renforcer la mobilisation des recettes douanières. Les administrateurs soulignent qu’un travail comparable s’impose pour les dépenses à travers le renforcement de la gestion des finances publiques. Ils engagent les autorités à apurer les arriérés et à améliorer le contrôle des passifs conditionnels des entreprises publiques.

Les administrateurs soulignent qu’il est important de rationnaliser les programmes d’investissement public parallèles et de les intégrer pleinement au budget. Ils encouragent en outre les autorités à profiter du faible niveau des cours du pétrole pour supprimer les subventions aux carburants tout en déployant un dispositif de protection sociale en faveur des populations pauvres. L’adoption d’un ancrage budgétaire à moyen terme serait de nature à atténuer les effets de la volatilité des cours du pétrole et à exercer une meilleure maîtrise des dépenses publiques.

Les administrateurs soulignent qu’il est important de préserver la viabilité de la dette. Ils encouragent les autorités à mener une stratégie prudente de gestion de la dette privilégiant davantage les emprunts concessionnels et le financement par le biais des marchés régionaux. Ils engagent les autorités à procéder à une évaluation et à une hiérarchisation poussées des projets d’investissement à partir de leur impact potentiel sur la croissance et sur la réduction de la pauvreté en tenant compte par ailleurs de la capacité administrative et des moyens de mise en œuvre.

Les administrateurs notent que le secteur financier est relativement stable. Ils encouragent le maintien d’une étroite collaboration avec l’instance régionale de supervision afin de renforcer la surveillance du secteur financier, y compris des établissements de microfinance et de la nouvelle banque consacrée aux petites et moyennes entreprises. Les administrateurs appellent à la vigilance au regard de la montée des créances improductives.

Les administrateurs soulignent qu’il est nécessaire de mener des réformes structurelles ambitieuses propres à dynamiser l’activité du secteur privée et à diversifier l’économie grâce à un climat des affaires plus propice, et de faciliter l’accès au crédit, afin de doper la croissance de manière durable et inclusive. Ils encouragent les autorités à redoubler d’efforts pour promouvoir l’intégration régionale. Les administrateurs appellent également des progrès plus poussés dans l’amélioration de la qualité et de l’actualité des données et des statistiques.

Il est prévu que les prochaines consultations au titre de l’article IV avec le Cameroun aient lieu selon le cycle normal de 12 mois.


Cameroun : Principaux indicateurs économiques et financiers, 2013–16
 
 

 

2013   2014   2015   2016  
   

 

Eff.   Est.   Proj.   Proj.  
 
  (Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)  

Revenu national et prix

 

 

 

 

 

PIB à prix constants

5.6 5.9 5.9 5.2  

PIB pétrolier à prix constants

8.5 13.8 23.2 -0.2  

PIB non pétroliers à prix constants

5.4 5.6 5.2 5.4  

Déflateur du PIB

2.5 1.0 1.9 1.9  

Prix à la consommation (moyenne)

2.1 1.9 2.8 2.2  

Commerce extérieur

 

 

 

 

 

Volume des exportations

7.1 17.6 13.0 4.7  

Dont : secteur non pétrolier

8.1 20.6 24.8 0.0  

Volume des importations

2.1 15.0 10.3 4.8  

Termes de l'échange (-= détérioration)

-1.4 -7.3 -8.3 -1.3  

Monnaie et crédit

 

 

 

 

 

Avoirs intérieurs nets1

10.1 7.1 10.4 10.1  

Crédit net au secteur public1

0.9 -0.8 3.7 3.7  

Crédit au secteur privé

14.9 14.4 10.7 10.1  

Monnaie au sens large (M2)

10.8 10.5 9.3 9.1  
  (En pourcentage du PIB, sauf indication contraire)  

Opérations de l'administration centrale

 

 

Total des recettes (hors dons)

17.6 18.1 17.4 16.5  

Recettes non pétrolières (en pourcentage du PIB non pétrolier)

13.8 14.7 15.6 14.9  

Total des dépenses

21.9 23.1 23.0 23.9  

Solde budgétaire global (base caisse)

         

Hors dons

-4.4 -5.1 -5.7 -7.4  

Dons compris

-4.1 -4.8 -5.4 -7.2  

Solde primaire pétrolier (en pourcentage du PIB non pétrolier)

-9.0 -9.2 -7.6 -9.1  

Secteur extérieur

 

 

 

 

 

Solde des transactions courantes (dons compris)

-3.9 -4.4 -5.1 -5.3  

Réserves imputées (en % de la monnaie au sens large)

49.6 41.6 40.0 36.0  

Dette publique

 

 

 

 

 

Totale

19.0 26.6 32.6 36.8  

Extérieure

12.1 17.8 21.7 24.5  
 

Sources : autorités camerounaises ; estimations et projections des services du FMI.

 

1 Pourcentage de la monnaie au sens large au début de la période.

Cameroun : Principaux indicateurs économiques et financiers, 2013–16
 
 

 

2013   2014   2015   2016  
   

 

Eff.   Est.   Proj.   Proj.  
 
  (Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)  

Revenu national et prix

 

 

 

 

 

PIB à prix constants

5.6 5.9 5.9 5.2  

PIB pétrolier à prix constants

8.5 13.8 23.2 -0.2  

PIB non pétroliers à prix constants

5.4 5.6 5.2 5.4  

Déflateur du PIB

2.5 1.0 1.9 1.9  

Prix à la consommation (moyenne)

2.1 1.9 2.8 2.2  

Commerce extérieur

 

 

 

 

 

Volume des exportations

7.1 17.6 13.0 4.7  

Dont : secteur non pétrolier

8.1 20.6 24.8 0.0  

Volume des importations

2.1 15.0 10.3 4.8  

Termes de l'échange (-= détérioration)

-1.4 -7.3 -8.3 -1.3  

Monnaie et crédit

 

 

 

 

 

Avoirs intérieurs nets1

10.1 7.1 10.4 10.1  

Crédit net au secteur public1

0.9 -0.8 3.7 3.7  

Crédit au secteur privé

14.9 14.4 10.7 10.1  

Monnaie au sens large (M2)

10.8 10.5 9.3 9.1  
  (En pourcentage du PIB, sauf indication contraire)  

Opérations de l'administration centrale

 

 

Total des recettes (hors dons)

17.6 18.1 17.4 16.5  

Recettes non pétrolières (en pourcentage du PIB non pétrolier)

13.8 14.7 15.6 14.9  

Total des dépenses

21.9 23.1 23.0 23.9  

Solde budgétaire global (base caisse)

         

Hors dons

-4.4 -5.1 -5.7 -7.4  

Dons compris

-4.1 -4.8 -5.4 -7.2  

Solde primaire pétrolier (en pourcentage du PIB non pétrolier)

-9.0 -9.2 -7.6 -9.1  

Secteur extérieur

 

 

 

 

 

Solde des transactions courantes (dons compris)

-3.9 -4.4 -5.1 -5.3  

Réserves imputées (en % de la monnaie au sens large)

49.6 41.6 40.0 36.0  

Dette publique

 

 

 

 

 

Totale

19.0 26.6 32.6 36.8  

Extérieure

12.1 17.8 21.7 24.5  
 

Sources : autorités camerounaises ; estimations et projections des services du FMI.

 

1 Pourcentage de la monnaie au sens large au début de la période.


1 Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d'administration.

2 À l'issue de ces délibérations, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des délibérations du Conseil d'administration à l’adresse : http://www.imf.org/external/np/sec/misc/qualifiers.htm.




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Téléphone : 202-623-7100