Le Conseil d’administration du FMI achève les consultations de 2014 au titre de l’article IV avec la Mauritanie
Communiqué de presse n° 15/52Le 12 février 2015
Le 28 janvier 2015, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations au titre de l’article IV avec la Mauritanie1.
Ces dernières années, l’économie mauritanienne a profité de la stabilité macroéconomique et d’une croissance élevée sur fond d’inflation maîtrisée, d’une politique macroéconomique responsable, des prix élevés du minerai de fer, d’une aide exceptionnelle des bailleurs de fonds et d’une augmentation de l’investissement public. La croissance du PIB réel est estimée à 6,4 % en 2014, contre 5,7 % en 2013, en raison d’un rebond dans le secteur de la pêche. Le déficit des transactions extérieures courantes est resté à 25 % du PIB en 2013-14 en raison des importations élevées de biens d’équipement liées aux investissements dans le secteur des industries extractives et, récemment, d’une détérioration des termes de l’échange. Les réserves de change, qui sont restées à 6 ½ mois d’importations futures, hors importations liées aux industries extractives en 2013, ont absorbé la détérioration des termes de l’échange, pour tomber à 4,7 mois en 2014. Le déficit global, hors dons, a atteint 2,2 % du PIB hors industries extractives en 2013, contre 3,0 % en 2012, mais est passé à 4,7 % du PIB hors industries extractives en 2014, à cause de la baisse des recettes, principalement des recettes minières de la SNIM. Les indicateurs monétaires font état d’une augmentation modérée du crédit.
Selon l’évaluation de la stabilité du système financier, le secteur bancaire est bien capitalisé et liquide, mais reste fragile face aux chocs. La forte concentration du crédit (y compris le crédit au secteur public), les risques de change et la faible rentabilité due à un modèle d’entreprise limité et à une concurrence accrue exacerbent la vulnérabilité du système bancaire. Si le système bancaire semble bien capitalisé globalement, certaines banques n’observent pas le ratio de fonds propres et sont sous-provisionnées. La qualité des actifs demeure faible : les prêts improductifs représentent 20 % des prêts au deuxième trimestre de 2014.
Les perspectives à court terme restent favorables en dépit d’un ralentissement de l’activité économique et d’une baisse des prix du minerai de fer. La croissance du PIB réel devrait tomber à 5,5 % en 2015 en raison du ralentissement de la croissance de l’activité minière et de la baisse de l’investissement privé et de la consommation. Les termes de l’échange devraient se détériorer de 4,5 % : une baisse des prix du minerai de fer (de 24 %) serait compensée en partie par une diminution des prix du pétrole (de 40 %). L’inflation devrait s’accélérer quelque peu, mais rester au-dessous de 5 %, grâce à la baisse des prix internationaux des produits alimentaires et au ralentissement de la croissance du PIB hors industries extractives. Une appréciation persistante en valeur réelle pourrait entraîner une augmentation de la demande du secteur privé. Les perspectives à moyen terme restent prometteuses : l’abondance des ressources naturelles du pays offre des possibilités de développement considérables. Il est essentiel d’opérer des réformes structurelles pour accélérer la croissance et créer davantage d’emplois, ainsi que pour s’attaquer aux défis liés à la diversification de l’économie, aux inégalités et au chômage.
Les perspectives risquent d’être révisées à la baisse en raison de facteurs essentiellement externes. Les répercussions de la détérioration de la demande extérieure de produits de base pourraient faire baisser davantage les prix du minerai de fer et les recettes tirées des exportations minières. Une baisse plus forte que prévu des prix des principaux produits exportés réduirait davantage les exportations et l’investissement direct étranger, et jetterait le doute sur les plans d’expansion dans le secteur minier, ce qui pèserait sur les perspectives de croissance et les soldes budgétaires. Des chocs extérieurs pourraient exposer la vulnérabilité du système bancaire, ce qui aggraverait un choc négatif sur la croissance et la stabilité financière.
Évaluation par le Conseil d’administration2
Les administrateurs ont félicité les autorités mauritaniennes d’avoir mené des politiques qui ont assuré la stabilité macroéconomique et soutenu le développement ces dernières années. Ils ont toutefois observé que les risques liés à de nouvelles baisses des cours du minerai de fer et au manque de dynamisme économique des principaux partenaires commerciaux du pays assombrissaient les perspectives à court terme. Par conséquent, ils ont encouragé les autorités à continuer de mener des politiques prudentes et d’appliquer les réformes institutionnelles et structurelles nécessaires pour accroître la résilience de l’économie et favoriser une croissance plus solidaire.
Les administrateurs ont salué les progrès accomplis en matière d’assainissement budgétaire ainsi que l’amélioration des recettes. Ils sont convenus que le budget 2015 tenait compte du manque à gagner de recettes minières, mais ils considèrent que des mesures supplémentaires pourraient s’avérer nécessaires si des tensions budgétaires faisaient jour. Les administrateurs ont aussi souligné l’importance de renforcer la gestion des finances publiques pour réduire le risque de surendettement. Pour la période à venir, ils ont insisté sur la nécessité d’améliorer le cadre budgétaire à moyen terme afin d’assurer une meilleure gestion des richesses naturelles et de soutenir la stabilité macroéconomique. Ils ont recommandé l’application d’une règle budgétaire appropriée qui prenne en considération les besoins de développement du pays et contribue à préserver le budget face aux amples fluctuations conjoncturelles des recettes provenant des ressources naturelles, tout en renforçant la gouvernance budgétaire.
Les administrateurs ont encouragé les autorités à tirer parti de la situation favorable sur le plan de l’inflation pour renforcer le cadre monétaire de la Mauritanie en améliorant la gestion de la liquidité. Ils ont aussi noté qu’il était essentiel de procéder sans tarder à la recapitalisation de la banque centrale pour préserver la crédibilité et l’indépendance de l’institution. Les administrateurs ont insisté sur l’importance de libéraliser progressivement le marché des changes, en notant qu’une plus grande souplesse du taux de change aiderait à absorber les chocs externes et à reconstituer les amortisseurs extérieurs. Ils ont salué les mesures prises par les autorités en vue de se conformer aux obligations de l’article VIII et les ont encouragées à éliminer dès que possible les restrictions de change qui subsistent.
Les administrateurs ont rappelé qu’il était nécessaire de continuer à renforcer la stabilité du système financier. Ils se sont félicités de l’intention des autorités de mettre en œuvre les recommandations de la récente évaluation de la stabilité du système financier. Parmi les priorités figurent une meilleure application de la réglementation et le renforcement de l’indépendance des autorités de supervision, l’extension de la supervision exercée par la banque centrale aux banques publiques et au secteur de l’assurance, et le renforcement du cadre de règlement des faillites bancaires.
Les administrateurs ont encouragé les autorités à accélérer les réformes pour promouvoir le développement du secteur privé et la diversification de l’économie, ce qui stimulerait l’emploi et réduirait la pauvreté. En particulier, ils ont recommandé d’œuvrer en étroite collaboration avec les partenaires de développement pour remédier aux goulets d’étranglement infrastructurels, investir dans le capital humain et l’éducation, améliorer la gouvernance et les institutions, et élargir l’accès aux services financiers.