Note d’information au public : Le Conseil d’administration du FMI conclut les consultations de 2010 au titre de l’article IV avec le Canada
le 22 décembre 2010
Les notes d'information au public (NIP) s’inscrivent dans le cadre des efforts que déploie le FMI pour promouvoir la transparence de ses prises de position et de son analyse de l’évolution et des politiques économiques. Les NIP sont diffusées avec le consentement des pays concernés, à l’issue de l’examen par le Conseil d’administration des rapports sur les consultations au titre de l’article IV avec les pays, de la surveillance de l’évolution économique à l’échelle régionale, du suivi post-programme et des évaluations ex post de la situation des pays membres où le FMI a appuyé des programmes sur une longue durée. Les NIP sont aussi diffusées à l’issue de l’examen des questions de politique générale par le Conseil d’administration, sauf si le Conseil en décide autrement. Le rapport des services du FMI pour les consultations de 2010 au titre de l’article IV avec le Canada (fichier lisible à l’aide du logiciel gratuit Adobe Acrobat Reader) est aussi disponible.
Le 22 décembre 2010
Le 15 décembre 2010, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations au titre de l’article IV avec le Canada1.
Informations générales
Le Canada a bien résisté à la récession mondiale grâce à une situation économique et financière solide au début de la crise et à une riposte macroéconomique de grande ampleur. Les importantes mesures de relance budgétaire (équivalentes au total à environ 4 % du PIB annuel sur deux ans) et l'adaptation rapide des conditions monétaires ont renforcé la demande intérieure, de sorte que l'économie a affiché de forts taux de croissance à la fin de 2009 et au début de 2010. Le marché du travail est un domaine où les résultats ont été particulièrement encourageants pendant la reprise : en effet, le Canada est le seul pays du G-7 (hormis l'Allemagne) qui, au milieu de 2010, avait pratiquement récupéré les emplois perdus pendant la récession et le premier à avoir enregistré une hausse de l'emploi en glissement annuel dès le premier trimestre de 2010.
Pendant la reprise, le déficit extérieur courant du Canada s'est creusé sous l'effet d'une augmentation soutenue des importations, de la modération des exportations vers les États-Unis, principal partenaire commercial du Canada, et l'appréciation du dollar canadien, due à la remontée des prix des produits de base et des flux de capitaux. Le système financier a échappé aux pressions systémiques pendant les dérèglements mondiaux grâce surtout à la robustesse de la supervision et de la réglementation. Dans l'ensemble, les marchés financiers se sont remis des perturbations et les conditions financières globales restent accommodantes. Cependant, la reprise économique ralentit et les perspectives demeurent incertaines. En particulier, la demande intérieure fléchit en raison de la situation précaire des bilans des ménages et de l’accalmie sur le marché immobilier consécutive à la décision prise cette année de durcir les règles applicables aux prêts hypothécaires pour contrer les risques émergents. Les exportations nettes continuent de peser sur la croissance. L'inflation est restée contenue, l'inflation globale évoluant autour du point médian de la fourchette de maîtrise fixée par la Banque du Canada. Pour l'avenir, les risques sont élevés et orientés à la baisse, l'endettement élevé des ménages restant le principal risque intérieur tandis que la dégradation des perspectives économiques des États-Unis constitue le principal risque extérieur.
La politique macroéconomique devrait rester accommodante à court terme. En particulier, le resserrement monétaire a marqué une pause après les hausses de taux intervenues entre juin et septembre, qui ont porté à 1 % le taux cible du financement à un jour, et le retrait progressif de la plupart des mécanismes exceptionnels d’octroi de liquidités. Plus récemment, la Banque du Canada a décidé de ne plus relever les taux pour l'instant.
En ce qui concerne la politique budgétaire, les autorités ont l'intention de rétablir l'équilibre des finances publiques à moyen terme à l'aide d'un plan ambitieux et propice à la croissance, tout en restant déterminées à mener à bien les mesures prévues pour la dernière année du plan de relance. L'ajustement à court terme a été considérablement facilité par les récentes mesures budgétaires, en particulier, la prolongation de sept mois (jusqu'au 31 octobre 2011) du délai de réalisation des projets d'infrastructure dans le cadre du plan d'action économique.
Le système financier du Canada continue de faire preuve de résilience, ce qui s'explique en partie par la solidité des structures de supervision et de réglementation. Les indicateurs de solidité financière sont à des niveaux très élevés. Cependant, les risques à court terme se sont accentués, notamment en raison de la situation précaire des bilans des ménages et des engagements à l’égard de l’économie des États-Unis.
Évaluation par le Conseil d’administration
Les administrateurs ont félicité les autorités de la crédibilité du cadre de politique macroéconomique, de la vigueur de leur riposte à la crise et de la résilience du système financier, autant d'éléments qui ont permis au Canada de sortir de la crise dans une situation saine. La reprise, rapide au début, est en train de ralentir et les risques qui pèsent sur les perspectives du pays se sont accentués. Pour préserver les acquis, les administrateurs ont encouragé les autorités à poursuivre leurs politiques prudentes axées sur le long terme, tout en renforçant encore la productivité et la compétitivité.
Les administrateurs ont appuyé les décisions de la Banque du Canada de marquer une pause dans le relèvement des taux d'intérêt. L'orientation accommodante de la politique monétaire soutiendrait la croissance dans la conjoncture économique actuelle. L'inflation et les anticipations inflationnistes restent bien ancrées à l'intérieur de la fourchette de maîtrise de la Banque du Canada. Les administrateurs ont observé que la politique monétaire conservera une marge de manœuvre pour le cas où une stimulation s'avérerait nécessaire.
Les administrateurs se sont félicités que les autorités aient pour objectif de rétablir l'équilibre budgétaire à moyen terme, ce qui placerait le ratio endettement net/PIB sur une trajectoire descendante. Le plan ambitieux de rééquilibrage budgétaire des autorités comporte des mesures propices à la croissance qui visent à soutenir le potentiel économique à long terme du Canada, notamment des dépenses d'infrastructures et des baisses de l'impôt sur les sociétés. Dans le cas où la modération des dépenses prévue par le programme ne serait pas suffisante, des mesures supplémentaires seraient nécessaires.
Les administrateurs ont noté que, à plus long terme, il sera essentiel de freiner la croissance des dépenses de santé. Si rien n'est fait pour les maîtriser, ces dépenses pourraient grever de façon intenable les finances publiques. Ils ont encouragé les autorités à améliorer l'information sur les défis qui en découlent afin de sensibiliser davantage le public. Il serait aussi utile de mettre en place des arrangements pour que les provinces partagent leur expérience en ce qui concerne la gestion des coûts.
Les administrateurs ont salué les mesures prises récemment pour freiner la hausse des primes de l’assurance-emploi et assouplir les délais de réalisation des projets d’infrastructure en cours. Ils sont convenus que ces mesures atténuaient l'ajustement budgétaire immédiat de façon opportune compte tenu des risques élevés qui pèsent sur les perspectives économiques. Ils ont aussi noté que la politique budgétaire disposait d'une ample marge de manœuvre pour le cas où les risques baissiers viendraient à se matérialiser.
Les administrateurs ont reconnu que les arrangements sur lesquels repose la stabilité financière du Canada continuent de produire de bons résultats. Pendant toute la crise, le système financier a conservé sa capacité d'intermédiation et évité les tensions systémiques. Les administrateurs ont appelé les autorités à ne pas baisser la garde face aux risques émanant à la fois de l'endettement des ménages canadiens et des engagements des établissements financiers à l'égard de l'économie des États-Unis.
Les administrateurs ont observé que le Canada était bien placé pour adapter son cadre de réglementation financière aux initiatives internationales qui se mettent en place. Les facteurs qui sous-tendent la résilience du Canada, notamment son marché hypothécaire bien réglementé, ont alimenté de façon déterminante le débat international sur la réforme de la réglementation financière. Les nouvelles améliorations qui seront apportées à la réglementation nationale des valeurs mobilières contribueront de façon fondamentale à celle du cadre général de réglementation financière.
Canada : principaux indicateurs économiques 1/ | |||||||
(variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) | |||||||
Proj. | Proj. | ||||||
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2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 |
PIB réel |
3,0 | 2,8 | 2,2 | 0,5 | -2,5 | 3,0 | 2,3 |
Exportations nettes 2/ |
-1,6 | -1,4 | -1,5 | -1,9 | 0,2 | -2,1 | -0,7 |
Demande intérieure totale |
5,0 | 4,4 | 3,9 | 2,5 | -2,6 | 5,1 | 3,0 |
Demande intérieure finale |
4,4 | 4,6 | 4,0 | 2,8 | -1,8 | 3,9 | 2,7 |
Consommation privée |
3,7 | 4,2 | 4,6 | 2,9 | 0,4 | 3,3 | 2,5 |
Consommation publique |
1,4 | 3,0 | 2,7 | 3,9 | 3,5 | 3,1 | 1,5 |
Investissement intérieur fixe privé |
9,0 | 7,1 | 3,1 | 0,8 | -16,0 | 5,1 | 5,9 |
Taux d’investissement privé (en % du PIB) |
18,6 | 19,5 | 19,7 | 19,6 | 17,6 | 17,5 | 17,9 |
Investissement public |
11,4 | 6,8 | 6,5 | 5,6 | 15,0 | 11,5 | -3,2 |
Variation des stocks 2/ |
0,5 | -0,2 | -0,1 | -0,2 | -0,9 | 0,9 | 0,3 |
PIB (prix courants) |
6,4 | 5,6 | 5,5 | 4,6 | -4,5 | 5,9 | 4,7 |
Emploi et inflation |
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Taux de chômage |
6,8 | 6,3 | 6,0 | 6,2 | 8,3 | 8,1 | 7,9 |
Indice des prix à la consommation |
2,2 | 2,0 | 2,1 | 2,4 | 0,3 | 1,7 | 2,0 |
Déflateur du PIB |
3,3 | 2,7 | 3,2 | 4,1 | -2,1 | 2,9 | 2,3 |
Taux de change (moyenne pour la période) |
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Cents américains/dollar canadien |
0,83 | 0,88 | 0,93 | 0,94 | 0,87 | ... | ... |
Variation en pourcentage |
7,4 | 6,8 | 5,6 | 0,7 | -6,7 | .. | … |
Taux de change effectif nominal |
8,3 | 5,9 | 1,2 | -3,2 | -3,4 | … | … |
Taux de change effectif réel |
7,7 | 5,3 | 0,5 | -4,9 | -3,8 | … | … |
Indicateurs de politique financière (sur la base des comptes nationaux, en % du PIB) | |||||||
Solde budgétaire fédéral |
0,1 | 0,8 | 1,0 | 0,2 | -2,6 | -2,8 | -2,2 |
Solde budgétaire des provinces 3/ |
0,7 | 0,0 | -0,4 | -0,7 | -3,7 | -4,0 | -3,1 |
Solde budgétaire des administrations publiques |
1,5 | 1,6 | 1,4 | 0,0 | -5,5 | -6,1 | -4,6 |
Bons du Trésor à trois mois |
2,7 | 4,0 | 4,2 | 2,4 | 0,4 | 0,6 | 1,4 |
Rendement des obligations d’État à dix ans |
4,1 | 4,2 | 4,3 | 3,6 | 3,2 | 3,3 | 4,2 |
Balance des paiements |
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Solde extérieur courant (en % du PIB) |
1,9 | 1,4 | 0,8 | 0,4 | -2,8 | -3,1 | -3,5 |
Balance des échanges de marchandises (en % du PIB) |
4,5 | 3,4 | 3,1 | 2,9 | -0,3 | -0,5 | -0,7 |
Exportations en volume |
2,0 | 0,8 | 1,3 | -5,1 | -15,3 | 7,4 | 3,2 |
Importations en volume |
7,5 | 5,1 | 5,5 | 1,0 | -15,2 | 14,0 | 5,7 |
Balance des invisibles (en % du PIB) |
-2,7 | -2,0 | -2,3 | -2,5 | -2,6 | -2,6 | -2,8 |
Épargne et investissement (en % du PIB) |
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Épargne nationale brute |
24,0 | 24,4 | 24,1 | 23,6 | 18,1 | 18,9 | 19,3 |
Administrations publiques |
4,4 | 4,6 | 4,5 | 3,2 | -1,5 | -1,9 | -0,6 |
Privée |
19,6 | 19,8 | 19,6 | 20,4 | 19,6 | 20,8 | 19,9 |
Ménages |
4,2 | 5,0 | 4,6 | 5,2 | 6,2 | 7,1 | 6,9 |
Entreprises |
15,4 | 14,9 | 14,5 | 15,1 | 13,1 | 13,7 | 13,0 |
Investissement intérieur brut |
22,1 | 23,0 | 23,2 | 23,1 | 21,0 | 22,1 | 22,7 |
Sources : Statistics Canada; et estimations des services du FMI. 1/ Données disponibles au 18 novembre 2010. 2/ Contribution à la croissance. 3/ Comprend les administrations locales et les hôpitaux. |
1 Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d'administration. À l'issue de ces délibérations, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des délibérations du Conseil d'administration à l’adresse suivante : http://www.imf.org/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm. |
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