Bulletin du FMI
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Faits nouveaux sur les relations du FMI avec les OSC L'Assemblée annuelle de 2004 du FMI et de la Banque mondiale est la première à laquelle a participé M. Rodrigo de Rato, nouveau Directeur général du FMI, qui a pris ses fonctions en juin. Cette Assemblée marquait aussi le 60e anniversaire des accords de Bretton Woods, actes fondateurs des deux institutions. L'Assemblée annuelle a eu lieu à l'issue d'une période de déplacements intensifs pour M. de Rato dont deux voyages en Afrique, un en Amérique latine et un en Asie qui lui ont permis d'être à l'écoute d'un large éventail d'opinions sur l'économie mondiale, les problèmes auxquels font face les pays en développement, et le rôle du FMI. Dans l'allocution qu'il a prononcée devant l'Assemblée, M. de Rato a décrit comment il envisageait le développement. S'agissant des moyens de répondre aux besoins des pays à faible revenu, il s'est focalisé sur le domaine de compétences fondamental de l'institution conseils de politique économique à l'appui de la stabilité macroéconomique et a préconisé une libéralisation accrue des échanges commerciaux, notamment dans le cadre du programme de Doha, ainsi que l'augmentation des apports d'aide accordés par les économies avancées :
L'Assemblée annuelle a également offert aux représentants des organisations de la société civile l'occasion d'engager un dialogue avec les services de la Banque et du FMI sur toute une gamme de questions d'intérêt mutuel. Environ 150 personnes, représentant les organisations de 30 pays, ont participé au dialogue de la société civile, y compris à l'occasion du deuxième Forum avec les dirigeants des deux institutions. Mais les contacts récents ne se limitent pas à l'Assemblée annuelle. Immédiatement après cette rencontre, les hauts fonctionnaires du FMI et de la Banque se sont entretenus avec des représentants d'organisations syndicales internationales. Plus tard dans le mois, les dirigeants des institutions de Bretton Woods ont rencontré à Genève les dignitaires du Conseil cuménique des Églises. Retour à la table des matières Réunion de haut niveau entre le Conseil cuménique des Églises, le FMI et la Banque mondiale Pour la toute première fois, les dirigeants du Conseil cuménique des Églises (COE), du FMI et de la Banque mondiale se sont réunis le 22 octobre au siège du COE à Genève. Les trois organisations étaient principalement représentés par M. James Wolfensohn, Président de la Banque mondiale, M. Augustin Carstens, Directeur général adjoint du FMI, et le Révérend Dr Samuel Kobia, Secrétaire général du COE. Le modérateur était M. Cornelio Somarruga, de la Fondation Caux « Initiatives et changement » et ancien Président de la Croix-Rouge; le Dr Agnès Abuom, Présidente du COE pour l'Afrique, a également présenté un exposé. Le Directeur général du FMI, M. Rodrigo de Rato, n'a pas pu prendre part à la réunion en raison d'engagements officiels, mais a rencontré en privé plus tôt dans la journée le Dr Kobia, le Dr Abuom et MM. Wolfensohn et Carstens. La session de l'après-midi, à laquelle ont participé un certain nombre d'autres personnalités des trois institutions, a été l'aboutissement de plusieurs réunions préparatoires tenues depuis mai 2002 (voir les numéros d'avril 2003 et février 2004 du Bulletin pour la société civile). La série de rencontres a eu lieu après que les directions des deux institutions de Bretton Woods eurent exprimé le souhait d'engager un dialogue avec le COE en vue de promouvoir la compréhension des missions respectives de développement des organisations participantes. Les réunions ont été axées sur la mise en commun des efforts visant à éradiquer la pauvreté dans le monde, et les moyens d'explorer les domaines où les questions de développement font encore l'objet de divergences de vues et de méthodes. La session a conclu que les points d'accord sont nombreux et importants, et que les trois institutions devraient trouver des méthodes plus efficaces pour faire uvre commune à l'avenir. Il a été convenu que le dialogue serait approfondi et qu'il porterait en priorité, dans l'avenir proche, sur les études de cas censées clarifier les questions et points spécifiques qui se prêtent à un action conjointe. La réunion a été caractérisée par un échange de vues honnête et généralement positif. Dans son allocution officielle, le Dr Kobia a souligné combien il importe d'être à l'écoute à son avis, le COE a toujours représenté les sans-voix et pour l'économie mondiale de placer l'être humain au cur du développement. La croissance ne suffit pas, a-t-il affirmé; nous devons aussi remédier aux inégalités. Pour terminer, le Dr Kobia a insisté sur les questions telles que la protection de l'environnement et la démocratisation des institutions de Bretton Woods. Le Dr Abuom a déclaré que la pauvreté était causée par l'échec de la solidarité fraternelle dans le monde. Le COE fait valoir qu'il convient de changer les lois du marché, mais elle n'a pas réussi à convaincre les institutions de Bretton Woods de cette nécessité. L'expansion des échanges commerciaux ne suffit pas, à elle seule, à réduire la pauvreté ou les injustices; des mesures de redistribution sont indispensables, et les collectivités de la planète doivent exister sur des bases équitables, participatives et durables. Le Dr Abuom a dénoncé la Banque et le FMI à titre d'institutions non démocratiques : l'Afrique n'étant dotée que de deux administrateurs, d'après elle, les organisations de Bretton Woods constituent essentiellement un podium pour les pays industrialisés. Soulignant la question des droits de l'homme, le Dr Abuom a demandé aux institutions de Bretton Woods d'aborder leurs travaux dans un cadre reposant sur les droits de l'homme. En somme, pour elle, le dialogue doit se poursuivre. M. Wolfensohn a réitéré sa conviction profonde de l'importance capitale que revêt la religion dans les questions de développement. Il a signalé avoir passé huit ans à tenter d'établir une relation avec les institutions à vocation confessionnelle, et mis l'accent sur ses préoccupations concernant le rôle de la jeunesse, le fossé entre riches et pauvres, et l'excès d'attention accordé aux questions de sécurité à court terme au détriment des problèmes à longue échéance de la pauvreté. Après tant de promesses et d'engagements, nous sommes confrontés à une crise sérieuse d'inaction, a-t-il souligné. Le Président de la Banque a avoué être extrêmement déconcerté par l'ouvrage « Ne nous laissez pas succomber à la tentation » publié en 2002 par le COE, qui, d'après lui, présente une fausse image de la Banque mondiale, de sa mission, de ses travaux et de ses services. Il a par ailleurs insisté sur la manière dont la Banque aborde la question des droits de l'homme sa voie première est l'action qu'elle entreprend. La gouvernance nombre de voix et représentation , du point de vue des institutions de Bretton Woods, est une question relevant des actionnaires et non de la Direction. Pour conclure, il a préconisé un effort de conciliation de deux ans entre le COE et les institutions de Bretton Wood et une volonté renouvelée d'uvrer en commun pour faire reculer la pauvreté. L'exposé de M. Carstens a porté sur le mandat et le rôle du FMI, avec une description du processus de la surveillance suivi et consultations régulières sur l'économie de chaque pays membre et de la gestion des crises. Le FMI est chargé en partie d'aider les gouvernements à prendre des décisions difficiles à des moments difficiles. Il a noté que le rôle et les tâches du FMI sont souvent mal compris. Il a décrit le dispositif de la stratégie de réduction de la pauvreté et ses origines, et mis l'accent sur les progrès réalisés grâce à la concertation et aux efforts résolus des services des trois organisations. Le terrain d'entente convenu est de très bon augure pour l'avenir. Le débat qui a suivi a comporté d'honnêtes échanges de vues sur la gouvernance des institutions financières internationales, le « rôle disciplinaire » du FMI, le rôle de la Banque et du FMI concernant le traitement des populations indigènes, et les sources novatrices de financement du développement. Les conclusions ont fait ressortir combien il importe de s'appuyer sur les Objectifs de développement pour le Millénaire (ODM) en tant que cadre de mobilisation et d'action. Les questions d'équité ont également été soulevées. Les Dr Kobia et Abuom ont centré leurs déclarations finales sur le chemin parcouru et la mission commune qui rapproche les trois organisations. Après la réunion, les dirigeants des trois institutions ont diffusé une déclaration commune, précisant que les entretiens ont été importants et utiles. La déclaration renvoie à un document plus détaillé consacré au Terrain d'entente et aux divergences de vues entre les institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) et le Conseil cuménique des Églises, qui a été établi par les services prenant part aux débats. Ce document précurseur cherche à énoncer clairement les points d'accord et de désaccord entre les institutions de Bretton Woods et le COE. Retour à la table des matières Dialogues de la société civile à l'Assemblée annuelle Les dialogues de la société civile tenus en marge de l'Assemblée annuelle 2004 de la Banque mondiale et du FMI ont porté essentiellement sur le rôle des institutions de Bretton Woods (IBW) dans les pays à faible revenu notamment lorsqu'il s'agit de faciliter les opérations d'allégement de dette et de promouvoir la viabilité de l'endettement et le bilan du processus des documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DRSP). De nombreuses réunions ont été organisées par le FMI et la Banque mondiale, mais plusieurs manifestations ont été parrainées par les OSC. L'événement le plus marquant a été le Forum auquel ont assisté les dirigeants des deux institutions ainsi que les Présidents respectifs du Comité du développement et du Comité monétaire et financier international. Ce forum a réuni près de 150 représentants d'ONG, d'organismes syndicaux, de groupes à vocation confessionnelle et de fondations de plus de 30 pays qui ont tous été accrédités pour participer à l'Assemblée annuelle. La liste intégrale des dialogues, de même que les comptes rendus de la plupart des sessions sont disponibles sur le site http://www.worldbank.org/civilsociety. Retour à la table des matières Forum avec les organisations de la société civile (OSC) La plupart des représentants accrédités des OSC ont pris part au Forum du 30 septembre, en compagnie de MM. Gordon Brown, Chancelier de l'Échiquier du Royaume-Uni et Président du CMFI; Trevor Manuel, Ministre des finances de l'Afrique du Sud et Président du Comité du développement; Rodrigo de Rato, Directeur général du FMI; et James Wolfensohn, Président de la Banque mondiale. Ce forum a donné à M. de Rato l'occasion de rencontrer pour la première fois les OSC internationales, après ses entretiens avec les OSC locales lors de ses voyages récents en Afrique et en Asie. À l'époque de la dernière Assemblée annuelle tenue à Dubaï, M. Horst Köhler, ancien Directeur général du FMI, avait pris part à une session analogue. La réunion de cette année était présidée par Mme Aruna Rao, Directrice de Gender at Work et Présidente du Conseil de CIVICUS. Prenant la parole le premier, M. Brown a mentionné que si l'on veut atteindre les Objectifs de développement pour le Millénaire, la communauté internationale devra considérablement augmenter les apports d'aide au cours des toutes prochaines années. Sur la base des tendances actuelles, les pays d'Afrique subsaharienne n'atteindraient les ODM qu'en 2130 c'est-à-dire avec un retard de 115 ans. « Nous devons trouver des solutions plus appropriées pour financer l'aide au développement, de manière à ce que l'association bénéfique du développement économique, des échanges commerciaux et de l'aide au développement permette de créer une économie mondiale qui soit au service de tous et tout le temps. » Si les allégements accordés par les créanciers multilatéraux sont supposés correspondre aux allégements d'origine bilatérale, des apports supplémentaires devront être mobilisés, a ajouté M. Brown, notant que le Royaume-Uni avait suggéré une nouvelle réévaluation des avoirs en or du FMI. À n'en pas douter, a-t-il conclu, une action peut encore être entreprise sans porter atteinte à l'intégrité des réserves du FMI ou au marché de l'or, à l'initiative de la Banque mondiale et du FMI, si les pays membres font preuve d'une volonté suffisante. M. de Rato a expliqué aux OSC que les réserves en or du FMI avaient été utilisées il y a tout juste cinq ans pour mobiliser des fonds, et que renouveler cette opération dépendait de la volonté du Conseil d'administration du FMI et non de la Direction de l'institution. S'il existe une volonté politique de faire appel aux ressources en or, le FMI trouvera les moyens techniques pour atteindre cet objectif. Il a mentionné aux OSC que le FMI entretient une relation étroite avec la société civile et qu'un échange de vue régulier avec elle est nécessaire à l'institution pour lui permettre de s'acquitter de ses responsabilités. S'agissant de la participation du FMI aux efforts de réduction de la pauvreté et d'allégement de la dette, M. de Rato a indiqué que l'un des principaux défis de l'Assemblée annuelle de 2004 était d'amener les pays à accroître leur aide par le biais des nouveaux mécanismes qui sont en cours d'examen, mais aussi par les voies traditionnelles. M. Manuel a mentionné que l'industrie sud-africaine d'extraction de l'or emploie des dizaines de milliers de travailleurs d'Afrique du Sud et des pays voisins, et que des pertes d'emplois importantes avaient été constatées. Il a insisté sur le fait que l'Afrique du Sud devrait être entendue chaque fois qu'il est question de vendre ou de réévaluer les réserves en or. Sa préoccupation majeure n'est pas tant la baisse que l'instabilité des cours, qui pourrait entraîner des pertes d'emplois au détriment des pays pauvres. Répondant à une question de Jubilee Iraq sur l'annulation de la « dette odieuse », M. Manuel a indiqué qu'il s'agissait-là d'un problème très épineux. Pour lui, il s'agit de savoir qui décide que la dette est odieuse. Si la dette de l'Iraq est qualifiée d'odieuse, pourquoi cette caractéristique ne s'applique-t-elle pas aussi à la dette de la République démocratique du Congo? M. Manuel a indiqué que des règles devraient être adoptées sur ce point, qui s'appliqueraient uniformément à tous les aspects des travaux de la Banque et du FMI et ne seraient pas sources d'aléa moral. M. Wolfensohn a mentionné que toute appréciation impartiale de la réaction de la Banque aux recommandations de la « Revue des industries extractives » (Extractive Industries Review) sur les investissements de la Banque dans des secteurs du pétrole, du gaz et des minéraux conclura que l'institution a fait beaucoup de chemin depuis lors. Une campagne lancée contre la Banque proclamait que « si vous n'agissez pas à 100 %, vous n'agissez pas du tout », ce qui est faux. La Banque estime qu'elle ferait fausse route si elle devait renoncer à ses investissements dans les secteurs du charbon, du pétrole et du gaz, et elle a largement contribué au efforts d'assainissement de tels projets. La Banque influe considérablement sur les normes environnementales des projets. En réponse à des observations formulées par des membres de l'auditoire concernant le nombre de voix et la représentation dans les IBW, M. Manuel a mentionné que cette question était l'objet d'une « lutte permanente » qui décèle un « déficit de démocratie » dans ces institutions. Les pays pauvres ne pas sont adéquatement représentés, et la question s'est posée de savoir si la Banque et le FMI faisaient vraiment partie du système multilatéral ou s'ils ne formaient qu'un simple dispositif entre débiteurs et créanciers. Les autres points soulevés au cours la séance de questions
et réponses ont touché la participation des femmes et leur
visibilité dans les ODM, la conditionnalité appliquée
par la Banque, les modalités d'accréditation des OSC à
l'Assemblée annuelle, la corruption et la dette de l'Argentine. Retour à la table des matières Faits nouveaux sur le rôle du FMI dans les pays à faible revenu À la réunion du 30 septembre consacrée à cette question, M. Mark Plant, Sous-Directeur du Département de l'élaboration et de l'examen des politiques, a mentionné aux OSC que l'instance la plus indiquée pour des entretiens entre les OSC et les pouvoirs publics est le processus participatif du DSRP. Il a indiqué que ce dispositif permet, dans l'idéal, de mettre en place un programme économique appuyé par la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) facilité de financement du FMI assortie de taux d'intérêt réduits en faveur des pays à faible revenu , mais qu'en pratique les choses ne se produisent pas toujours ainsi. L'objectif reste néanmoins d'aligner plus étroitement les deux processus. Les parties prenantes au programme de négociations de la FRPC (FMI et pouvoirs publics) doivent disposer d'un système dans le cadre duquel les entretiens relatifs au DSRP peuvent éclairer les préparatifs de l'accord FRPC, qui, en retour, peut fournir une base aux entretiens subséquents sur le DSRP. Le FMI et la Banque mondiale espèrent s'engager dans cette voie, a indiqué M. Plant, en remplaçant l'évaluation conjointe par les services de la Banque mondiale et du FMI par une nouvelle Note consultative conjointe des services des deux institutions (NCC). Cette Note vise à procurer aux autorités les avis et les réactions des Conseils respectifs de la Banque et du FMI sur la stratégie de réduction de pauvreté du pays concerné, plutôt qu'un jugement hâtif sur le bien-fondé du DSRP en tant que base d'un appui concessionnel. M. Plant a souligné que le FMI rendrait désormais publique son évaluation du cadre macroéconomique d'un pays membre, au lieu de formuler des critiques implicites. Une proposition de cadre macroéconomique peut paraître ambitieuse, mais le FMI pourrait faire observer qu'à son avis l'objectif n'est pas réalisable, par exemple dans les deux ou trois prochaines années, et expliquer pourquoi. Cette approche permettrait de stimuler le débat, qui serait ainsi plus fructueux pour toutes les parties au processus. Les participants sauraient exactement à quoi s'en tenir sur les vues de leurs contreparties. L'intention du FMI est de replacer le processus participatif dans le contexte qui lui revient celui du DSRP tout en veillant à ce que le dispositif de la FRPC reste réceptif aux accords convenus durant le processus participatif. Un membre de l'auditoire a fait observer que cinq ans tout juste se sont écoulés depuis que M. Michel Camdessus, ancien Directeur général du FMI, a mentionné, dans une allocution à l'Assemblée annuelle de 1999, que le moment était venu de répondre à l'appel des pauvres. Il a été demandé aux personnalités présentes si le FMI avait en fait répondu à cet appel. Un autre participant a demandé si le FMI était véritablement une institution favorable aux pauvres puisqu'il lui a fallu cinq ans pour déclarer son engagement envers les pays à faible revenu et incorporer les Études d'impact sur les conditions de vie et la pauvreté à ses travaux. Les services du FMI participant à la réunion ont fait observer que les programmes soutenus par l'institution comportent désormais des composantes lutte contre la pauvreté telles que niveaux spécifiques de dépenses sociales ou de santé, volets sociaux dans les budgets nationaux, cibles de lutte contre la pauvreté, et objectifs sociaux. Le FMI décourage en outre publiquement les dépenses inutiles, telles que l'achat d'avions présidentiels. M. Peter Heller, Directeur adjoint du Département des finances publiques, a fait remarquer que l'institution était critiquée pour se préoccuper exagérément de l'inflation, alors que ce sont en fait les pauvres qui absorbent l'essentiel des contrecoups de la flambée des prix. À son avis, le FMI n'accepterait pas une inflation de 20 %, qui se traduirait par un doublement des prix tous les trois ans, parce que les pauvres en souffriraient le plus, alors que les personnes disposant d'actifs ou de revenus satisfaisants sont en principe davantage équipés pour se protéger de l'inflation. Retour à la table des matières
Retour à la table des matières Dialogue entre la société civile et le FMI Le FMI et la Banque mondiale rencontrent des dirigeants syndicaux Lors d'une réunion organisée à Washington du 6 au 8 octobre, la direction, des administrateurs et des membres des services du FMI et de la Banque mondiale ont évoqué diverses questions avec les dirigeants du mouvement syndical international, notamment les efforts déployés pour faire reculer la pauvreté et atteindre les objectifs de développement pour le Millénaire (ODM), ainsi que les moyens d'accroître les possibilités d'emploi et l'inclusion sociale, et de réduire les inégalités. Il s'agissait de la deuxième réunion d'une série biennale lancée en 2002 (voir Bulletin pour la société civile, janvier 2003) sur la base du dialogue engagé il y a plus de dix ans par le Directeur général du FMI à l'époque, Michel Camdessus. La délégation syndicale était composée de plus de 80 représentants de fédérations syndicales nationales et internationales, qui comptent près de 200 millions de membres. Elle était dirigée par Guy Ryder, Secrétaire général de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), et Willy Thys, Secrétaire général de la Confédération mondiale du travail (CMT). Des représentants des Fédérations syndicales internationales et de la Commission syndicale consultative auprès de l'OCDE ont participé à la réunion aussi. Willy Kiekens, administrateur du FMI pour la Belgique, qui représente aussi plusieurs pays européens, ainsi que la Turquie et le Kazakhstan, a présidé la séance principale qui s'est déroulée au siège du FMI le 7 octobre. La Fédération américaine du travail et le Congrès des organisations industrielles ont accueilli les séances du 6 octobre, et la Banque mondiale celles du 8 octobre. Dans son allocution d'ouverture de la séance qui s'est déroulée au siège du FMI, Rodrigo de Rato, Directeur général du FMI, a salué le dialogue, notant que, dans de nombreux pays, le mouvement syndical est un instrument important et parfois indispensable du changement social. Dans un monde en mutation rapide, les pays doivent s'adapter, a déclaré M. de Rato. Il faut relever des défis tels que le vieillissement des populations, la modernisation des marchés du travail et la libéralisation commerciale. La participation de la société civile y compris des syndicats, qui figurent parmi les plus anciens et les plus expérimentés contributeurs au processus communautaire à ces débats économiques et sociaux peut renforcer le consensus sur de difficiles choix d'action; par ailleurs, le FMI est de plus en plus conscient de l'importance de la prise en charge des politiques économiques par les principaux intéressés. M. de Rato a noté aussi qu'une vigoureuse expansion de l'économie mondiale, comme celle que nous connaissons aujourd'hui, offre une occasion idéale d'entreprendre des réformes, car il est plus facile de changer les comportements pendant des phases d'expansion. Les représentants syndicaux ont déclaré que, en dépit de l'évaluation optimiste de l'économie mondiale effectuée par le FMI, la plupart des pays en développement seront loin d'atteindre les ODM. Pour accélérer les progrès vers la réalisation de ces objectifs, la communauté internationale doit prendre des mesures plus ambitieuses en matière d'allégement de la dette et envisager les diverses initiatives proposées, y compris une taxation à l'échelle mondiale, pour mobiliser des fonds supplémentaires. Cependant, les représentants syndicaux ont noté que M. de Rato avait déclaré que le problème de l'obtention de nouvelles ressources est politique, et non technique. Les dirigeants syndicaux ont souligné aussi que la réduction de la pauvreté dépend de l'application de politiques économiques avisées. Selon eux, l'accent mis par les institutions de Bretton Woods sur une libéralisation économique favorable à la croissance et fondée sur les mécanismes de marché est inadéquat, « parce que la croissance n'est pas suffisante ». Ils estiment que l'on accorde trop peu d'attention à l'emploi, aux salaires et à la protection sociale. La croissance doit aller de pair avec la création d'emplois « décents » et une augmentation de la sécurité et de la justice sociales. Les représentants syndicaux ont pris note avec satisfaction des consultations plus systématiques qui se déroulent avec les syndicats locaux pendant les consultations annuelles du FMI avec les pays au titre de l'article IV et lors d'autres missions. Mais ils ont appelé à une plus grande participation des syndicats locaux à l'établissement des stratégies de réduction de la pauvreté dans les pays à faible revenu. Les représentants du FMI ont indiqué qu'il revient essentiellement aux autorités nationales de décider de l'identité des parties à consulter. Bon nombre des représentants syndicaux ont déclaré que les recommandations faites par le FMI aux pays en matière de réforme des marchés du travail restent une source de différend. Ils s'inquiètent que le FMI réclame un assouplissement des marchés du travail sans tenir compte des circonstances propres aux pays concernés. En général, cela entraîne simplement une déréglementation et une augmentation de l'insécurité sociale. Les dirigeants syndicaux ont demandé à être consultés davantage afin de promouvoir une restructuration moins perturbatrice des marchés du travail. Les dirigeants syndicaux ont rencontré aussi le Président de la Banque mondiale, James Wolfensohn, qui a souligné que les questions sociales étaient essentielles dans le développement. Il a déclaré, par exemple, que le défi démographique résultant de l'entrée à court terme d'un milliard de jeunes dans la population active mondiale présente une opportunité monumentale ou un énorme risque de crise. La création d'emplois productifs pour cette génération est essentielle non seulement pour la croissance, mais aussi pour la stabilité et l'espoir, et donc en fin de compte pour la paix. Sur des points plus spécifiques, M. Wolfensohn a noté que la Banque mondiale a indiqué dans de récents rapports que la création d'emplois était l'élément essentiel d'une amélioration du climat des affaires, et que les normes fondamentales du travail sont aujourd'hui promues par la Banque, même si elles ne constituent pas encore des conditions en vue de l'octroi de prêts. Il a aussi pris note avec intérêt du rapport de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation, de l'Organisation internationale du travail (OIT), et de sa contribution au débat de fond à l'échelle mondiale; il a souligné la participation de la Banque mondiale à la production de ce rapport et son engagement permanent à assurer le suivi de ses recommandations. Parmi les sujets examinés lors des séances avec des membres des services du FMI figuraient les politiques et les programmes des institutions financières internationales dans le domaine du commerce, les travaux de la Banque mondiale et du FMI dans les pays à faible revenu, les questions relatives au travail et à l'emploi dans les DSRP, la prise en compte des normes fondamentales du travail dans la politique de prêts de la Banque mondiale, le rapport sur la dimension sociale de la mondialisation, l'approche de la Banque mondiale en matière de protection sociale et les contributions des syndicats en ce qui concerne la réalisation des ODM. Les dirigeants syndicaux ont aussi rencontré séparément des administrateurs du FMI et de la Banque mondiale. Un résumé plus complet des débats sera publié dans les mois à venir. Retour à la table des matières Un samedi avec les survivants Un samedi matin ensoleillé, nous quittons les avenues asphaltées de Kigali pour prendre des chemins de terre battue complètement desséchés et cahoteux. Quelques minutes plus tard, nous arrivons à destination, où nous attend Jean-Marie, Secrétaire du Fonds des victimes nécessiteuses du génocide et des massacres, accompagné de deux jeunes hommes et d'une jeune femme. Premier arrêt : une communauté de 84 « familles », quelque 400 jeunes hommes et femmes au total, dont des parents, proches et éloignés, ont été massacrés lors du génocide de 1994 au Rwanda, tout comme leurs espoirs d'une vie normale. Ces familles sont des groupes de six à huit adolescents, âgés en général de 15 à 18 ans. Certaines sont composées de parents (frères, soeurs et cousins), d'autres se sont regroupées avec la nécessité pour seul guide. Nous nous approchons de l'une des maisons, où nous sommes accueillis par une jeune fille assise sur une marche, en train de nettoyer une blouse dans un bol en plastique. Un autre membre de cette famille nous rejoint, puis quelques autres, et nous entrons dans leur maison. La pauvreté est apparente : des murs de parpaing, pas de lumière (même pas une bougie), pas de rideaux et une chaise rudimentaire. Les deux chambres ne sont pas différentes : juste un matelas sur le sol. Cinq personnes peuvent y dormir, nous dit-on, en travers du matelas, le bas du corps sur le sol. Jean-Marie nous dit que cette famille a de la chance. Au moins, ils ont un « chez eux », un endroit où ils ont leur place. Dix ans après la catastrophe, 40.000 survivants du génocide vivent encore au jour le jour, sans logement permanent. Nous parlons brièvement avec le chef du ménage. Il a achevé un programme de formation professionnelle, mais il n'a pas pu trouver de travail au cours de l'année écoulée. Lorsque nous lui demandons comment la famille peut se nourrir, il nous dit : « avec l'aide de Dieu ». Leur chance a des limites, apparemment. Nous sortons de la maison pour parler avec des voisins de leurs espoirs. « Nous espérons finir l'école, obtenir une formation professionnelle, aller à l'université, si possible », nous dit l'un d'entre eux. Nous apprenons qu'il y a guère d'espoir pour ceux sans instruction. Pourtant, il n'est pas facile de finir l'école. Sans électricité ni bougie, les enfants ne peuvent étudier après la tombée de la nuit. Kigali étant situé à l'équateur, il fait nuit vers 18 h 30 chaque soir. Les chefs de famille des adolescents font de leur mieux, mais la vie est dure pour tout le monde et l'idée d'un parent qui aide les plus jeunes à faire leurs devoirs est inimaginable pour eux. Il n'y a aucune garantie pour ceux qui réussissent à obtenir un diplôme. Nous rencontrons une jeune femme au sourire radieux qui vient d'obtenir un diplôme universitaire en Inde. Elle est inquiète, car elle n'a aucune perspective d'emploi. Pourra-t-elle trouver un emploi? Tous, nous lui assurons que oui. Mais il n'y a aucune garantie. Après avoir salué tout le monde, nous poursuivons notre route pour arriver à un ensemble de petites maisons construites par le Fonds des survivants du génocide pour les veuves des massacres de 1994. Quelque 800 veuves et leurs enfants (certains naturels, d'autres acquis dans l'urgence) se sont installés ici. Les maisons en parpaing ont été construites rapidement, nous dit-on, et sans guère de supervision. Certaines semblent en mauvais état; d'autres ont été améliorées par leurs occupants, c'est évident. Nous nous approchons d'une des habitations les plus attrayantes des rideaux aux fenêtres et des murs peints et nous sommes accueillis par une mère. Contrairement à notre rencontre précédente, nous ne percevons aucune chaleur. Courtoise, mais avec un regard de pierre, cette mère nous montre le petit refuge qu'elle a réussi à construire. Il semble évident que les sombres nuits de son passé lui ont ravi une plus grande partie de sa vie qu'elle ne peut le supporter. Elle a transformé une petite pièce en un simple magasin, où elle vend du savon et des articles divers. Il y a aussi un robinet, bien attaché avec un cadenas. Dans ce quartier où l'eau est rare, l'eau courante, c'est pour ceux qui ont les moyens de payer. Nous rencontrons sur la route une veuve plus âgée, qui s'appuie péniblement sur l'un de nous. Elle nous explique qu'elle n'a pas de famille et que la marche vers la source d'eau publique, à un kilomètre, est devenue très fatigante. C'est le purgatoire des innocents. La paralysie dont nous sommes frappés est interrompue par le rire d'enfants. Portant pour la plupart des vêtements en loques, ils sont néanmoins radieux. Ils parlent le langage universel des mouvements de karaté et des cris de joie. À un signe discret de la main, un jeune garçon rayonnant répond, timidement, de la même manière. Les membres de la mission du FMI suscitent une vive curiosité. Dans ce monde très stérile, la nouveauté constitue un divertissement. Nous rentrons à Kigali porteurs d'une nouvelle fenêtre sur un exemple douloureux de la condition humaine. Lorsque nous nous séparons, Jean-Marie nous remercie. Dix ans plus tard, dit-il, le monde extérieur considère les survivants du génocide comme simplement une autre vague dans l'océan des défavorisés. « Je vous en prie », nous demande-t-il, « aidez-nous à ne pas être oubliés ». Note de la rédaction : Pendant la période qui a suivi le génocide de 1994, le FMI a appuyé énergiquement les efforts déployés par le Rwanda pour stabiliser la situation macroéconomique et rétablir les fondements d'une croissance économique et d'une réduction de la pauvreté, notamment en lui accordant une aide financière, en allégeant sa dette et en lui fournissant une assistance technique visant à remettre en place les institutions macroéconomiques. Retour à la table des matières Si vous souhaitez être informé(e) de la publication de nouveaux documents sur le site Internet du FMI, veuillez vous inscrire à notre système de notification. Autres réunions récentes entre les services du FMI et les OSC
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