Bulletin du FMI : Le moment est propice à une relance de l’infrastructure
le 30 septembre 2014
- Des investissements publics dans l’infrastructure plus importants et de meilleure qualité sont essentiels pour stimuler l’activité et créer des emplois
- Les effets en sont plus sensibles en période de ralentissement économique et lorsque l’investissement est très efficient.
- Si l’investissement est correctement géré, son effet stimulant sur la production compense les emprunts contractés
Cette étude, qui est publiée dans l’édition d’octobre 2014 des Perspectives de l'économie mondiale du FMI, examine les effets macroéconomiques de l’investissement public dans un grand nombre de pays. Elle en conclut que dans les pays qui ont besoin d’infrastructures, le moment est propice à une relance dans ce domaine.
PERSPECTIVES DE L'ÉCONOMIE MONDIALE
Bon nombre de pays avancés sont pris au piège d’une croissance déprimée et d’un taux de chômage élevé, et le coût de l’emprunt y est bas. Une augmentation de l’investissement public dans l’infrastructure est l’une des rares mesures encore à leur disposition pour favoriser la croissance.
Dans de nombreux pays émergents et en développement, les goulets infrastructurels freinent la croissance potentielle de l’économie.
Infrastructures : où en sommes-nous?
L’infrastructure est le fondement de la vie quotidienne, la clé de voûte de l’activité économique. Il n’existe aucune activité qui ne fasse appel à elle, sous une forme ou une autre. De même, les déficits d’infrastructure se font rapidement ressentir — les pannes d’électricité, l’approvisionnement insuffisant en eau, et l’état de délabrement des routes pèsent sur la qualité de vie des populations et posent des difficultés considérables au fonctionnement des entreprises.
Le stock de capital public (une mesure indirecte du stock des infrastructures) a sensiblement diminué, en pourcentage de la production, au cours des trente dernières années dans le monde. Les déficits d’infrastructure dans les pays émergents et en développement sont criants. À titre d’exemple, la capacité de production électrique par habitant dans les pays émergents ne représente qu’un cinquième de celle des pays avancés, et celle des pays à faible revenu un huitième environ de celle des pays émergents. Dans certains pays avancés, la qualité du stock d’infrastructure existant se dégrade sous l’effet du vieillissement et du manque d’entretien.
Des ponts vers la croissance
L’étude constate que la hausse des investissements publics d’infrastructure accroît la production à court terme, en stimulant la demande globale, et à long terme, en augmentant la capacité productive de l’économie.
Sur un échantillon de pays avancés, une hausse d’un point du PIB des dépenses d’investissement augmente d’environ 0,4 % le niveau de la production la même année, et de 1,5 % quatre ans après (graphique 1, plage 1).
Par ailleurs, le surcroît d’investissement public dans l’infrastructure donne au PIB une impulsion qui compense l’augmentation de la dette, de sorte que le ratio dette publique/PIB ne progresse pas (graphique 1, plage 2).
Autrement dit, l’investissement public dans l’infrastructure peut s’autofinancer s’il est correctement effectué.
Divers facteurs déterminent les retombées des investissements infrastructurels
Le rapport déconseille toutefois de se borner à augmenter l’investissement d’infrastructure, quel que soit le projet. En effet, les avantages de cet investissement seront fonction des paramètres suivants:
• Le degré de ralentissement économique. La hausse de la production à court terme est sensiblement plus élevée quand l’investissement public intervient en période de ralentissement économique et de politique monétaire accommodante, cette dernière limitant la hausse des taux d’intérêt face à l’accroissement de l’investissement.
• L’efficience de l’investissement public. Les effets sur la production sont également plus substantiels dans les pays où l’investissement public est très efficient, et où le surcroît de dépenses publiques d’investissement n’est pas gaspillé, mais alloué à des projets assortis de taux de rendement élevés.
• Son mode de financement. Il ressort en outre de faits observés dans les pays avancés que l’investissement public a des effets plus sensibles sur la production lorsqu’il est financé par l’emprunt que par une augmentation d’impôts ou la réduction d’autres dépenses.
Conclusion : n’attendez pas, choisissez des projets performants et investissez de manière efficiente
et investissez de manière efficiente
Les pays où les besoins en infrastructure sont clairement définis, les processus d’investissement public efficients, et où l’économie tourne au ralenti ont tout intérêt à augmenter les investissements publics.
De nombreux pays ont un besoin impérieux de nouvelles infrastructures pour appuyer le développement économique. L’étude précise néanmoins que la hausse de l’investissement public peut donner lieu à des gains de production limités et que le ratio dette publique/PIB risque d’augmenter si l’investissement est inefficient. Dans cette situation, il convient de bien peser les conséquences budgétaires négatives et les gains sociaux plus généraux d’un accroissement de l’investissement public. Pour les pays où les goulets infrastructurels brident la croissance, la résorption de ces goulets pourrait apporter des bénéfices considérables.
Il est indispensable d’améliorer l’efficience de l’investissement public pour en dégager tous les avantages. Les pays où cette efficience est relativement faible devraient donc avoir pour priorité essentielle de rehausser la qualité de l’investissement infrastructurel en renforçant le processus d’investissement public, notamment par l’amélioration des processus d’évaluation, de sélection et d’exécution des projets et par des analyses coûts–bénéfices rigoureuses.