Bulletin du FMI : Une période prolongée de faibles taux d’intérêt peut raviver les risques financiers
le 11 avril 2013
- Les politiques peu conventionnelles des banques centrales ont contribué à stabiliser le système financier
- Les risques financiers peuvent réapparaître si les banques ne font pas leur ménage financier
- Des politiques appropriées peuvent minimiser les risques émergents
Selon de nouvelles études du Fonds monétaire international, plusieurs années de taux d’intérêt exceptionnellement bas et les achats obligataires effectués par les banques centrales de certaines économies avancées ont amélioré les indicateurs de solidité des banques, tout en étayant l’économie et la stabilité financière.
Rapport sur la stabilité financière dans le monde
Dans son dernier Rapport sur la stabilité financière dans le monde, le FMI analyse les effets des politiques des banques centrales sur les banques et sur la stabilité financière depuis la crise mondiale. Les banques centrales ont pris des mesures audacieuses qui ont permis de réduire les vulnérabilités du secteur bancaire et de stabiliser certains marchés, tels que les marchés interbancaires et les marchés des titres hypothécaires. Mais si elles restaient en place trop longtemps, ces politiques pourraient avoir des effets secondaires indésirables préjudiciables à cette stabilité. Le FMI a indiqué que ces risques restaient assez rares dans les banques mais qu’ils pourraient gagner d'autres parties du secteur financier, comme ce qu'il est convenu d'appeler les «banques parallèles». Autre source de préoccupation, la période prolongée de faible taux d'intérêt encourage les banques à refinancer leurs créances non productives plutôt qu'à assainir leur bilan.
«Pour le moment, tout va bien, mais si les banques centrales n'utilisent pas de manière plus productive le répit que leur ont offert les institutions financières et les régulateurs, on peut s'attendre à de nouvelles difficultés financières,» a déclaré Laura Kodres, chef de l'équipe qui a préparé cette analyse de la stabilité mondiale au Département des marchés monétaires et de capitaux du FMI.
Risques potentiels
En dépit des effets positifs à court terme pour les banques, plus les politiques des banques centrales se prolongent, plus les risques financiers augmentent, selon FMI.
L'analyse a relevé que certains aspects de cette politique monétaire sans précédent étaient susceptibles de retarder l'assainissement du bilan des banques et de présenter des risques de crédit à moyen terme. Ce qui peut expliquer, ajoute FMI, que le marché pourrait de plus en plus avoir l’impression qu'il existe des risques de défauts bancaires du fait des annonces faites par les banques centrales.
Les risques pourraient aussi glisser vers d'autres parties du secteur financier qui ne sont pas examinées dans le rapport, telles que les banques parallèles, les fonds de pension et les compagnies d'assurances — ou se propager à d'autres pays.
Pour surveiller ces risques, il faudra que les responsables de la surveillance des risques systémique qui pèsent sur les institutions financières non bancaires améliorent le recouvrement des données, mais aussi que les contrôleurs financiers se fassent plus présents.
Le rapport rappelle que certains risques pourraient se concrétiser lorsque les banques centrales mettront fin aux mesures prises à la suite de la crise mondiale.
Les incertitudes qui entourent les ventes d’actifs par les banques centrales pourraient se traduire par des changements dans l'humeur du marché et par des variations rapides de prix susceptibles de déboucher sur des pertes pour les détenteurs d'obligations — notamment les banques et les banques centrales. Si les rendements à long terme décollaient de leurs niveaux actuellement plombés, ce qui provoquerait la chute des prix des obligations, ces inquiétudes ne pourraient que s'aggraver.
Les pertes pourraient à court terme porter préjudice aux banques faiblement capitalisées, bien que FMI ait déclaré que l'effet net des augmentations de taux d'intérêt pourrait être positif pour les banques à moyen terme alors que leurs prêts reprennent.
Les décideurs doivent rester vigilants et souples
Le rapport précise que les politiques des banques centrales doivent continuer à étayer l'économie et la stabilité financière jusqu'à ce que la reprise soit bien ancrée.
Le FMI indique que les décideurs doivent faire preuve de vigilance et évaluer l'apparition de menaces potentielles pour la stabilité financière. Ils doivent aussi avoir recours à des politiques ciblées destinées à encourager l'assainissement des bilans des banques et à réduire leur vulnérabilité aux perturbations du marché. En réduisant les risques dans le secteur financier, les politiques micro et macro-prudentielles donneront à la politique monétaire une marge de manœuvre accrue pour appuyer l'économie.
Le rapport mentionne les mesures spécifiques qui pourraient être utiles pour contenir le risque de crédit et aider les banques à relever les défis du financement : robustes obligations de fonds propres, plus grandes exigences de liquidités et provisionnement prospectif dynamique et bien conçu. L’expérience avec certains outils macro-prudentiels étant encore relativement limitée, le FMI recommande que les décideurs suivent de près l'efficacité de leurs politiques et se tiennent prêts à les ajuster le cas échéant. La coordination avec d'autres politiques économiques, telles que la politique monétaire et budgétaire, contribuera aussi à minimiser la dépendance des outils macros-prudentiels.
Pour minimiser les effets préjudiciables sur l'humeur du marché, le FMI précise qu'il est important que les banques centrales communiquent clairement et à l'avance leurs stratégies de sortie de ces mesures exceptionnelles.
Le FMI publiera d'autres analyses tirées du Rapport sur la stabilité financière dans le monde le 17 avril.