Communiqué de presse : Le Conseil d’administration du FMI achève la huitième revue du programme ISPE du Sénégal et les consultations de 2014 au titre de l’Article IV

le 15 décembre 2014

Communiqué de presse no 14/578
15 décembre 2014

Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé aujourd’hui la huitième revue des résultats économiques obtenus par le Sénégal dans le cadre du programme appuyé par l’instrument de soutien à la politique économique (ISPE), ainsi que les consultations de 2014 au titre de l’article IV1 avec le Sénégal. En achevant la revue, le Conseil d’administration a approuvé une dérogation pour non-observation du critère d’évaluation relatif aux emprunts non concessionnels.

Le programme appuyé par l’ISPE a été approuvé par le Conseil d’administration le 3 décembre 2010 (voir communiqué de presse n° 10/469). Le dispositif de l’ISPE est conçu pour les pays à faible revenu qui n’ont pas nécessairement besoin de l'aide financière du FMI, ou ne souhaitent pas y faire appel, mais qui cherchent à bénéficier de ses conseils, de son suivi et de son aval. L’ISPE est mis à la disposition des pays qui en font la demande (voir note d’information au public 05/145).

À la suite des débats du Conseil d’administration, M. Min Zhu, Directeur général adjoint et Président par intérim, a prononcé la déclaration suivante :

«Il convient de féliciter les autorités d’avoir préservé la stabilité macroéconomique; poursuivi l’assainissement des finances publiques et mené à terme le programme appuyé par l’ISPE. Cependant, la lenteur des réformes structurelles a conduit à une croissance inférieure à la moyenne et languissante. La réduction de la pauvreté en a souffert. En 2014, des chocs exogènes, dont les retombées de l’épidémie d’Ébola, ont pesé aussi sur la croissance.

«Pour sortir du piège croissance faible/pauvreté élevée, le gouvernement a mis en place un programme ambitieux (« Plan Sénégal Émergent », PSE). Le PSE offre une occasion unique de créer les conditions d’ une croissance généralisée et solidaire qui fera du Sénégal un pays émergent. L’objectif d’une croissance annuelle de 7 à 8 % est réalisable à moyen terme, mais exigerait d’élargir, d’approfondir et d’accélérer les réformes structurelles. Il convient de contenir la consommation publique pour créer l’espace budgétaire nécessaire pour mettre en place les dépenses sociales et les projets prévus dans le PSE. Il est nécessaire d’améliorer considérablement le cadre réglementaire et la gouvernance, ainsi que la qualité et l’efficacité des investissements publics.

«La loi de finances 2015 vise une nouvelle réduction du déficit, à 4,7 % du PIB, soit un objectif moins ambitieux que les 4,0 % prévus précédemment. Cependant, les autorités ont pris des mesures pour améliorer la qualité des dépenses publiques en différant les crédits budgétaires pour certains nouveaux projets d’investissements publics jusqu’à ce que les études de faisabilité soient prêtes. Dans la pratique, le déficit pourrait donc être plus proche des projections initiales. Les retombées de l’épidémie d’Ébola pourraient accroître le déficit de 0,3 % du PIB en 2015. Les autorités restent déterminées à ramener le déficit budgétaire à 3 % du PIB à moyen terme, soit l’objectif fixé par l’UEMOA.»

Le Conseil d’administration a achevé aussi les consultations de 2014 au titre de l’article IV avec le Sénégal.

La situation macroéconomique du Sénégal est stable. L’inflation demeure faible. Les perspectives budgétaires se sont améliorées grâce à l’augmentation des recettes et à la maîtrise des dépenses, et le déficit global devrait tomber à 5,2 % du PIB en 2014, contre 5,5 % du PIB en 2013. Le déficit des transactions extérieures courantes devrait diminuer, mais devrait rester proche de 10 % du PIB en raison de la baisse des exportations.

La lenteur des réformes structurelles et des chocs exogènes ont continué de peser sur la croissance. Si des progrès ont été accomplis, en particulier dans les domaines de la gouvernance et du climat des affaires, des retards ont été observés dans la mise en place du compte unique du Trésor, la rationalisation des dépenses, l’exécution des dépenses d’investissement et les réformes du secteur de l’énergie; avec des subventions énergétiques qui restent source de distorsion et pèsent lourdement sur le budget. Pour 2014, la croissance devrait atteindre 4,5 % (contre 3,5 % 2013), soit 0,4 point de pourcentage en deçà des estimations précédentes, du fait d’un ralentissement attendu dans le secteur du tourisme du fait de l’épidémie d’Ébola, combiné au retard enregistré dans le démarrage de la saison des pluies.

Les perspectives de l’économie sénégalaise sont favorables. Le PSE offre une occasion unique de libérer une croissance généralisée et solidaire qui fera du Sénégal un pays émergent. Les risques sont principalement d’ordre intérieur et régional : il s’agit de la persistance d’une exécution insuffisante et lente des réformes structurelles, notamment dans le secteur de l’énergie, et de l’impact de l’épidémie d’Ébola. Parmi les risques extérieurs figurent l’augmentation du coût de l’endettement public, les effets de l’abandon des mesures non conventionnelles de politique monétaire à l’échelle mondiale, ainsi que les conséquences d’un ralentissement prolongé de la croissance dans les pays partenaires et de la baisse des prix du pétrole, qui pourrait peser sur les recettes budgétaires.

Évaluation par le Conseil d’administration2

 Les administrateurs souscrivent dans l’ensemble à l’évaluation effectuée par les services du FMI. Ils ont noté que la mise en œuvre satisfaisante du programme a aidé le Sénégal à préserver la stabilité macroéconomique. Toutefois, en raison de facteurs internes et externes, l'économie a continué d’enregistrer des performances qui sont en dessous de ses possibilités et le chômage et la pauvreté restent élevés. Le déficit considérable du compte courant et l'exposition croissante de la position extérieure à l'évolution du sentiment des marchés présentent des risques supplémentaires pour les perspectives. Les administrateurs ont souligné que des politiques prudentes et des réformes structurelles ambitieuses sont essentielles pour stimuler la croissance et réduire la pauvreté. À cet égard, ils ont salué la nouvelle stratégie de développement des autorités comme indiqué dans le "Plan Sénégal Emergent " (PSE) et attendent avec impatience sa mise en œuvre résolue et rapide.

Les administrateurs ont souligne que l’accélération de la cadence des réformes structurelles sera essentielle pour le succès du PSE. Ils ont convenu que les efforts de réforme devraient viser à améliorer la gouvernance et le climat des affaires dans le but de promouvoir le développement du secteur privé et d'attirer les investissements directs étrangers. La priorité devrait également être donnée à la fourniture des services publics plus efficaces, l’amélioration de l'efficacité des dépenses publiques par des réformes de la gestion des finances publique, la maitrise de la consommation publique pour générer l'espace budgétaire pour les investissements dans le capital humain et les infrastructures publiques, et le renforcement des filets de sécurité sociaux. Une restructuration globale du secteur de l'énergie et l’accroissement de la compétitivité des exportations seront également importants. Les administrateurs ont salué les plans des autorités à engager avec quelques pays comparables pour développer un effort d'apprentissage entre pairs active afin de déployer les réformes nécessaires.

Les administrateurs encouragent les autorités à ancrer la politique budgétaire sur la viabilité de la dette à long terme dans un cadre budgétaire à moyen terme et à remplir d’ici 2019 les critères de convergence de l’UEMOA relatif au déficit de 3 % du PIB. Ils ont noté que la réalisation de cet objectif nécessitera un renforcement des mesures fiscales et des mesures relatives aux dépenses. Tout en appuyant les priorités PSE, les administrateurs ont souligné que tous les investissements qui y sont liés devraient être en adéquation avec les plans de consolidation fiscale existants des autorités et la capacité d'absorption du Sénégal. En outre, les décisions de financement de contrats non-concessionnels doivent être soigneusement pesées.

Les administrateurs saluent la tentative d’améliorer la qualité de l’investissement public en établissant une réserve de précaution dont les fonds ne seraient débloqués que pour des projets assortis d’une étude de faisabilité appropriée. Les administrateurs encouragent les autorités à poursuivre dans cette direction dans la loi de finances 2016.

Les administrateurs soulignent qu’il faut continuer à améliorer la gestion des finances publiques, les institutions budgétaires et la gouvernance économique. Ils soulignent que les réformes doivent porter principalement sur des domaines importants tels que la conception de la politique macro-budgétaire, l’établissement d’un cadre de dépenses à moyen terme et le renforcement de la discipline dans l’exécution du budget.

Les administrateurs ont souligné l'importance de traiter les vulnérabilités du secteur financier, en particulier la qualité des actifs bancaires. Ils ont encouragé une vigilance constante par rapport au niveau élevé de prêts non performants en étroite collaboration avec la BCEAO et la Commission bancaire de l'UEMOA. Les administrateurs soutiennent la stratégie pour améliorer l'accès aux services financiers.


1 Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d'administration.

2 À l'issue de ces délibérations, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des délibérations du Conseil d'administration à l’adresse : http://www.imf.org/external/np/sec/misc/qualifiers.htm.

DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

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