Bulletin du FMI : Comment financer la construction de routes et voies ferrées sans endettement excessif
le 20 mars 2014
- Le manque d’infrastructures est un obstacle majeur à la croissance de l’Afrique centrale
- La mise à niveau des infrastructures de transports et services publics nécessite de gros investissements
- Il est crucial de développer les infrastructures sans se surendetter
À l’heure où les pays d’Afrique centrale sont en quête de nouvelles sources de financement pour mettre à niveau leurs infrastructures, ils devront éviter le piège d’un endettement excessif. Une conférence sur ce thème a été organisée au Cameroun pour étudier comment exploiter au mieux les ressources de financement existantes et promouvoir d’autres solutions novatrices.
LES INFRASTRUCTURES DE L’AFRIQUE CENTRALE
La forte croissance qu’a connue l’Afrique subsaharienne au cours des dix dernières années a mis en relief l’importance du développement des infrastructures.
Des hauts responsables gouvernementaux, des universitaires, des représentants du monde des affaires et de la société civile ainsi que des institutions financières internationales ont assisté le 10 mars à Yaoundé (Cameroun) à une conférence régionale sur le thème «Financer l’avenir : le développement des infrastructures en Afrique centrale».
Cette journée de réflexion a permis de passer en revue les options possibles, et notamment d’étudier comment exploiter au mieux les ressources de financement existantes et promouvoir d’autres solutions novatrices. L’accent a en outre été mis sur l’importance des capitaux privés dans le financement des infrastructures.
Il a cependant été rappelé que l’implication forte du secteur privé est conditionnée par le rendement des investissements dans les infrastructures publiques. Le développement des infrastructures doit donc aller de pair avec des réformes visant à améliorer le climat des affaires et des investissements. Il est en outre essentiel pour obtenir la participation active du secteur privé de mettre en place les sauvegardes appropriées et de passer en revue les risques que les pouvoirs publics prennent en charge.
Partenariats public-privé
La conférence a donné l’occasion d’aborder plusieurs sujets particulièrement importants, y compris la nécessité d’optimiser le financement intérieur, surtout lorsqu’il provient des ressources naturelles, et de rationaliser les dépenses inefficientes afin de dégager une marge de manœuvre budgétaire pour les investissements; les projets infrastructurels nationaux et régionaux; et les possibilités de financement intérieures et internationales, qui peuvent notamment prendre la forme de partenariats public-privé.
Les représentants des pays d’Afrique centrale se sont accordés sur l’idée qu’il est crucial de développer les infrastructures pour que l’essor économique de la région se poursuive. Ils ont convenu que les investissements dans les infrastructures peuvent doper la croissance, accroître la productivité et contribuer à la lutte contre la pauvreté. Ils ont toutefois noté que la construction et la modernisation des infrastructures coûtent très cher et créent donc de gros besoins de financement tant au stade de la construction que pour leur entretien ultérieur.
Pour les pays d’Afrique centrale, l’enjeu crucial continuera d’être le suivant : comment accroître les investissements sans que l’endettement public devienne excessif. Les participants ont largement convenu qu’il importe d’avoir une bonne stratégie de gestion de la dette lorsque les investissements dans les infrastructures montent en puissance.
Le bon dosage
La conférence a mis l’accent sur le fait que la combinaison financière gagnante dépend de multiples facteurs, y compris le niveau de développement financier, l’endettement, le climat des affaires et la stratégie de développement propre à chaque pays.
Ce fut aussi l’occasion pour le FMI d’affirmer sa volonté de renforcer son partenariat avec les pays africains, dont les progrès et les perspectives économiques suscitent l’optimisme.
Anne-Marie Gulde-Wolf, Directrice adjointe du Département Afrique du FMI a ouvert les débats en déclarant : «Il est nécessaire d’améliorer les réseaux routiers et ferroviaires pour développer les échanges commerciaux et les investissements régionaux. L’accroissement de la production d’électricité permettra d’améliorer la productivité des entreprises. L’amélioration des services de télécommunications facilitera les transactions financières transfrontalières. Grâce à l’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement, l’état de santé général des populations s’améliorera, ce qui contribuera de manière positive au développement.»
Des choix raisonnés
Mme Gulde-Wolf a souligné que si la palette d’options de financement disponibles peut ouvrir des débouchés aux pays africains, il importe que leurs gouvernants fassent des choix raisonnés lorsqu’il s’agit de décider comment financer l’augmentation de leurs investissements.
Elle a ajouté que la conférence de Yaoundé en préfigure une autre, intéressant l’ensemble de l’Afrique, qui sera organisée conjointement par le Mozambique et le FMI à Maputo.
Les conclusions de la conférence qui a eu lieu au Cameroun seront présentées à Maputo, où les représentants des pays d’Afrique subsaharienne se réuniront les 29 et 30 mai prochains, le thème de la conférence étant «La montée en puissance de l’Afrique : construire l’avenir ». M. Alamine Ousmane Mey, Ministre des Finances du Cameroun et M. Seth Terkper, Ministre des Finances et de la planification économique du Ghana, seront au nombre des intervenants à Maputo.
Ces six derniers mois, le FMI a aussi organisé des conférences au Kenya pour examiner les tâches auxquelles ce pays doit s’atteler alors qu’il se transforme en pays émergent et au Ghana, où de hauts responsables gouvernementaux des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine ont passé en revue les enjeux de l’intégration régionale du secteur financier.