Bulletin du FMI : L’action des pouvoirs publics améliore les perspectives de l’économie mondiale
le 16 avril 2013
- Selon le FMI, la croissance mondiale devrait atteindre 3,3 % en 2013 et jusqu’à 4 % en 2014
- La reprise est inégale parmi les pays avancés : la demande privée aux États-Unis s’accélère plus vite que dans la zone euro
- Les pays en développement et les pays émergents continuent de tirer la croissance mondiale
L’économie mondiale devrait continuer de se rétablir, selon le Fonds monétaire international (FMI), dont les dernières prévisions font état d’une croissance de 3,3 % en 2013 et de 4 % en 2014. Toutefois, comme de vieux dangers subsistent et que de nouveaux risques apparaissent, les dirigeants ne peuvent pas se permettre de relâcher leur effort.
PERSPECTIVES DE L’ÉCONOMIE MONDIALE
La situation de l’économie mondiale s’est améliorée au cours des six derniers mois. Les dirigeants des pays avancés ont réussi à écarter deux des plus grands risques à court terme pour l’activité mondiale, à savoir un éclatement de la zone euro et une forte contraction budgétaire aux États-Unis. Les marchés financiers se sont redressés et la stabilité financière s’est améliorée, selon le dernier rapport du FMI sur les Perspectives de l’économie mondiale (PEM).
Le FMI prévoit une croissance du PIB mondial réel de 3,3 % en moyenne annuelle en 2013, soit plus ou moins comme les 3,2 % observés en 2012, et de 4 % en 2014 (voir tableau ci-dessous). Si les perspectives de croissance sont quasiment inchangées cette année, c’est parce que les pays avancés n’ont pas tous profité dans la même mesure de l’amélioration de la situation sur les marchés financiers et du regain de confiance. Les freins budgétaires dans certains pays ont été un autre facteur important.
« Nous sommes passés d’une reprise à deux vitesses à une reprise à trois vitesses », a déclaré Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI et Directeur du Département des études, qui établit les PEM. « Les pays émergents et les pays en développement continuent d’enregistrer une croissance vigoureuse, mais, dans les pays avancés, il semble y avoir une divergence croissance entre les États-Unis d’une part et la zone euro d’autre part. »
• Aux États-Unis, la demande privée montre des signes de vigueur tandis que les marchés du crédit et du logement se rétablissent. Toutefois, un ajustement budgétaire plus marqué que prévu devrait maintenir la croissance du PIB réel aux environs de 2 % en 2013.
• Dans la zone euro, le PIB réel devrait se contracter d’environ ¼ % cette année, avant de progresser de nouveau en 2014. Les circuits du crédit sont brisés : l’amélioration de la situation financière ne se répercute pas encore sur les entreprises et les ménages, parce que les banques restent handicapées par la faiblesse de leur rentabilité et de leurs fonds propres. Les autres freins de la croissance sont la poursuite de l’ajustement budgétaire, des problèmes de compétitivité et la fragilité des bilans.
• Au Japon, une nouvelle relance budgétaire et monétaire devrait entraîner un rebond de l’activité : la croissance du PIB réel devrait atteindre 1 ½ % en 2013.
Sur la période 2013–14, ces divergences entre les pays avancés devraient diminuer. En supposant que les dirigeants tiennent leurs engagements, le rapport prévoit un relâchement durable des freins de l’activité réelle et une accélération de la croissance du PIB réel dans les pays avancés à partir du deuxième semestre de 2013.
Dans les pays émergents et les pays en développement, la croissance devrait rester vigoureuse, pour passer d’environ 5 % en 2012 à 5 ¼ % en 2013 et à 5 ¾ % en 2014. L’activité dans la plupart de ces pays s’est déjà accélérée après un ralentissement en 2012, grâce à la demande résiliente des consommateurs, à des politiques macroéconomiques d’accompagnement et à un redressement des exportations. Dans les pays émergents d’Europe, la reprise devrait s’accélérer à mesure que la demande des pays avancés d’Europe se redresse. Cependant, quelques pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord continuent de faire face à des transitions internes difficiles.
Amélioration des facteurs d’incertitude
Il est noté dans le rapport que les mesures prises récemment en Europe et aux États-Unis ont permis d’améliorer les perspectives à court terme bien que des dangers subsistent. Dans la zone euro, la reprise pourrait être plus lente que prévu en raison de la lassitude face à l’ajustement, de la fragilité des bilans, de l’interruption des circuits du crédit dans la périphérie et des progrès insuffisants vers une union économique et monétaire plus solide. Aux États-Unis, l’ajustement budgétaire plus marqué que prévu qui résulte de la procédure des réductions automatiques des dépenses ou le non-relèvement du plafond de la dette pourrait peser davantage sur la croissance.
À moyen terme, cependant, le solde des facteurs d’incertitude reste négatif. Les risques sont liés à l’absence d’un solide plan d’assainissement budgétaire aux États-Unis et au Japon; à la dette élevée du secteur privé, à la marge de manœuvre limitée des pouvoirs publics et à l’insuffisance des progrès institutionnels dans la zone euro, qui pourraient conduire à une période prolongée de croissance faible; aux distorsions causées par une politique monétaire accommodante et non conventionnelle dans les principaux pays avancés, ainsi qu’à l’investissement excessif et aux prix élevés des actifs dans beaucoup de pays émergents et de pays en développement.
Stabilisation nécessaire pour une croissance vigoureuse
Face à ces risques, note le rapport, les dirigeants ne peuvent pas relâcher leur effort. Les risques liés à l’endettement public élevé limitent généralement la marge de manœuvre budgétaire dans la plupart des pays avancés, et l’ajustement budgétaire doit se poursuivre progressivement en limitant les dégâts occasionnés à la demande à court terme. La politique monétaire doit donc continuer de soutenir la demande privée, tandis que la politique financière doit contribuer à améliorer la transmission de la politique monétaire. Les États-Unis et le Japon doivent encore concevoir et appliquer un plan détaillé de réduction du déficit à moyen terme. C’est un impératif urgent pour le Japon, étant donné les risques considérables qui résultent d’une nouvelle relance budgétaire conjuguée à un endettement public très élevé. Pour de nombreux pays de la zone euro, il est essentiel d’opérer des réformes structurelles afin de rehausser la compétitivité et les perspectives de croissance à moyen terme, ainsi que de continuer d’avancer dans les réformes de l’architecture afin d’achever l’union économique.
Dans les pays émergents et les pays en développement, le rapport note qu’il est nécessaire de durcir la politique économique et de reconstituer une marge de manœuvre. Le durcissement devrait commencer par la politique monétaire et, si nécessaire, être complété par des mesures prudentielles pour freiner les excès qui apparaissent dans les secteurs financiers. Les dirigeants devraient aussi ramener les soldes budgétaires à des niveaux qui offriraient une large marge de manœuvre si la croissance était inférieure à la tendance à l’avenir.