Bulletin du FMI : La productivité est la clé de la croissance dans les petits pays à revenu intermédiaire
le 14 mai 2013
- Le retour à la forte croissance du passé nécessite des politiques innovantes
- Une inclusion financière plus poussée devrait faire partie des efforts déployés pour préserver la stabilité financière
- Les politiques du marché du travail devraient protéger les travailleurs et non les emplois
Lors d’une récente conférence organisée à Washington il a été signalé que les petits pays africains à revenu intermédiaire doivent veiller à ce que la productivité contribue davantage à la croissance, car ils ne peuvent plus s’appuyer sur une plus grande intensité de capital comme moteur de croissance.
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Le thème principal de la conférence, qui s'est tenue en marge des réunions de printemps 2013 du FMI et de la Banque mondiale, portait sur les priorités des autorités des petits pays d'Afrique subsaharienne à revenu intermédiaire dans un contexte extérieur en rapide mutation.
La croissance sans précédent de ces pays avait généré une hausse des revenus globaux et donné des résultats économiques positifs grâce à de saines politiques qui favorisaient un taux bas d'inflation et qui étaient prudentes sur le plan budgétaire. Cependant, les intervenants ont aussi souligné que la croissance tendancielle a fléchi ces dernières années et que, pour revenir à une forte croissance et passer au statut de pays à revenu élevé, il faudrait appliquer des politiques innovantes et réformatrices visant à stimuler la productivité.
Mme Cristina Duarte, Ministre des finances du Cap-Vert, a admis que les petits pays africains à revenu intermédiaire étaient à la recherche de nouvelles idées. « Nous sommes, a-t-elle déclaré, à un nouveau point de départ dans notre processus de croissance — nous avons besoin d'une croissance tirée par l'efficience et d'une vision commune pour parvenir à une économie fondée sur l'innovation ».
Hausse de la productivité
L’augmentation de la productivité est capitale pour permettre aux petits pays à revenu intermédiaire d’être compétitifs dans une économie mondiale en rapide mutation. Selon les intervenants, elle pourrait être réalisée en :
• accroissant l'efficacité de la dépense publique ;
• renforçant l'efficacité et l'efficience du système fiscal ;
• intensifiant les réformes structurelles, y compris une baisse du coût des affaires.
En même temps, ces pays doivent réduire au minimum les répercussions de l'instabilité macroéconomique sur leur croissance en :
• renforçant les mécanismes régulateurs de façon à pouvoir affronter les chocs ;
• réduisant la dépendance à l'égard des taxes sur le commerce extérieur ;
• diversifiant l'économie et les échanges.
Inclusion et stabilité financières
Si les indicateurs de solidité financière sont rassurants dans nombre de petits pays à revenu intermédiaire, des problèmes comme le système bancaire parallèle pourraient nuire à la stabilité financière, étant donné en particulier que le contrôle de ce secteur est toujours à l'état embryonnaire. Il faut que les pays poursuivent leurs efforts en vue d’intensifier l'inclusion financière dans le cadre d'une stratégie de développement plus vaste tout en préservant la stabilité financière, surtout dans un système financier mondial où de nouveaux défis surviennent rapidement.
M. Ebson Uanguta, Vice-gouverneur de la Bank of Namibia, a déclaré que les banques centrales ont un rôle à jouer : « Il est particulièrement important de concilier inclusion et stabilité financières en Namibie, pays où la répartition des revenus est l'une des plus inégales au monde ». Les banques, a-t-il ajouté, doivent être vigilantes à l’égard des risques (entre autres les niveaux élevés d'endettement des ménages à des taux d'intérêt historiquement bas) et répondre aux nouvelles exigences en matière de contrôle.
Emploi et croissance
Si elle est un objectif souhaitable, la croissance inclusive est une notion difficile à comprendre. Les politiques qui visent à la renforcer doivent être souples et adaptées à la situation des pays.
En rejoignant la position défendue par les services du FMI, à savoir que les politiques du marché du travail doivent protéger les travailleurs et non les emplois, M. Ali Mansoor, Secrétaire aux finances de Maurice, a souligné que son pays appliquait de telles politiques dont l'objet doit être d'aider les travailleurs à traverser les épreuves grâce à des programmes d'assurance sociale et de formation, et non de maintenir en activité des entreprises non viables uniquement pour préserver l'emploi.
L'État devrait continuer de jouer un rôle, mais plutôt que de garantir systématiquement des résultats, il devrait offrir des filets de sécurité minimums, parallèlement à une participation croissante du secteur privé.
Renforcement des capacités
Le niveau relativement élevé de la masse salariale des petits pays à revenu intermédiaire tient en partie à la concurrence acharnée à laquelle ils se livrent pour recruter une main-d’œuvre qualifiée peu abondante dans la région. En élargissant l'éventail des salaires, il serait possible de mieux rémunérer les plus compétents, qui pourraient en outre être motivés à l'aide d’avantages non monétaires comme une formation à l'étranger.
En se concentrant sur un renforcement des capacités, ces pays pourraient développer une administration minimum, de plus haute qualité et plus efficace pour soutenir la mise en œuvre des politiques macroéconomiques et favoriser la croissance à long terme.
Les domaines prioritaires seraient notamment la préparation du budget, un cadre budgétaire à moyen terme solide, les rapports budgétaires, l'administration fiscale et la qualité des statistiques macroéconomiques. Ces efforts devraient viser à améliorer la dépense publique, ainsi qu'à concilier adéquatement l'inclusion financière et la réduction au minimum des risques pesant sur la stabilité financière.
Soutien et enseignement par les pairs
Les délégués ont noté qu'il était possible de recourir au soutien et à l'enseignement par les pairs pour examiner davantage les possibilités de synergies entre les petits pays à revenu intermédiaire. Selon M. Mansoor, aussi bien les dirigeants que les techniciens pourraient bénéficier d'un tel enseignement. Les institutions de renforcement des capacités ou de formation pourraient être propices à un enseignement par les pairs et les pays en question pourraient se fixer des objectifs communs, les bons élèves aidant les autres.