Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Christine Lagarde salue la résilience de l’Afrique subsaharienne

le 11 janvier 2013

  • Christine Lagarde a visité le Malawi et la Côte d’Ivoire
  • La Directrice générale du FMI rappelle que l’Afrique est désormais
  • la deuxième région du monde en termes de croissance
  • Des défis à plus long terme liés à la transformation
  • structurelle, à l’inclusion et à la résolution des conflits

L’Afrique subsaharienne est sur la voie du progrès économique, mais elle doit relever plusieurs défis à plus long terme, dont la transformation structurelle, la promotion d’une croissance plus solidaire et la résolution des conflits, a déclaré Christine Lagarde, Directrice générale du FMI.

Photo : Thierry Gouegnon/Reuters/Newscom

Mme Lagarde visite une usine à Abidjan, Côte d’Ivoire. Durant son séjour elle a évoqué la diversification des partenaires commerciaux de l’Afrique (photo : Thierry Gouegnon/Reuters/Newscom)

CHRISTINE LAGARDE EN AFRIQUE

Lors d’un séjour au Malawi et en Côte d’Ivoire, du 4 au 8 janvier, Mme Lagarde a insisté sur l’énorme potentiel que renferme le continent mais elle a aussi mis en garde contre les possibles obstacles.

« Nous ne pouvons être qu’impressionnés par la résilience du continent... face aux perturbations les plus graves qu’ait connues l’économie mondiale depuis la Grande Dépression» a-t-elle déclaré à Abidjan. Notant que le FMI tablait désormais sur une croissance d’environ 5¼ % en 2013 pour l’Afrique, Mme Lagarde a ajouté «Aujourd’hui, c’est un vent différent qui souffle. Le changement est en vue. Durant la décennie écoulée, l’Afrique a été, derrière les pays émergents d’Asie, la deuxième région du monde en termes de croissance».

Durant son séjour, la Directrice générale a rencontré la Présidente du Malawi, Mme Joyce Banda, et le Président de la Côte d’Ivoire, M. Alassane Ouattara, d’autres responsables gouvernementaux, des parlementaires ainsi que des représentants du patronat, de la société civile, des groupes de femmes et des étudiants.

À Lilongwe, Malawi, Mme Lagarde a salué le programme de réformes économiques du gouvernement. «Le Malawi est au milieu du gué et il est sur le point d’atteindre l’autre rive», a-t-elle déclaré. En Côte d’Ivoire, elle a rendu hommage aux efforts déployés par le Président Ouattara pour restructurer l’économie. Lors d’un discours prononcé à l’Assemblée nationale, réunie en session extraordinaire sous la présidence de M. Guillaume Soro, et retransmis en direct par la télévision et la radio nationales, elle a parlé d’un deuxième miracle économique ivoirien.

Un socle solide

Intervenant à Lilongwe, Mme Lagarde a précisé que l’Afrique avait renforcé sa propre résilience en s'appuyant sur le socle solide que les pays africains avaient construit durant les années qui ont précédé la crise mondiale. Elle a en outre souligné la diversification des partenaires commerciaux et de ses sources d'investissement étranger. Aujourd'hui, les partenaires non traditionnels fournissent 50 % des importations et reçoivent 60 % des exportations du continent. La Chine est désormais le plus gros partenaire commercial de la région.

Mme Lagarde a par ailleurs rappelé les risques qui pèsent sur la région : «Tant que les turbulences mondiales persisteront, les populations de ce continent resteront menacées. Les liens sont simplement trop forts, qu'il s'agisse des échanges commerciaux, de l'investissement étranger, des envois de fonds ou de l'aide». Elle a cité des études du FMI qui font apparaître qu'un ralentissement soutenu de l'économie mondiale de 2 points de PIB aurait pour effet de réduire la croissance de l'Afrique subsaharienne de près de 1¼ point par an. Elle a par ailleurs évoqué la menace issue du renchérissement des denrées alimentaires et des pénuries.

Portant un regard sur l’avenir, Mme Lagarde a déclaré à Abidjan que l’Afrique avait quatre principaux défis à relever : accélérer la transformation structurelle; promouvoir une croissance plus solidaire et créer plus d’emplois; assurer une meilleure gestion des ressources naturelles; et renforcer les secteurs financiers. «L’inclusion implique des actions multiformes. Cela passe certes par l’investissement dans le capital humain et dans l’emploi…mais aussi par de solides dépenses sociales, notamment pour atténuer les souffrances des citoyens les plus démunis».

Elle a toutefois mis en garde contre les subventions universelles qui visent à protéger les consommateurs, notamment dans le secteur énergétique, mais finissent par protéger ceux qui n’en n’ont pas besoin. «Ces types de subventions ont des effets négatifs sur le budget, l’efficience économique, l’équité et l’inclusion et sur l’environnement», a ajouté Mme Lagarde.

Protection sociale

Mme Lagarde a également reconnu les difficultés que soulèvent les réformes dans des pays comme le Malawi, où le programme économique des autorités comprend la libéralisation du marché des changes et une dévaluation de la monnaie de 50 %. Lors de sa réunion avec la Présidente Joyce Banda, elle a souligné «la nécessité de maintenir le cap, tout en déployant des programmes de protection sociale afin d’atténuer l’impact des mesures d’ajustement sur les ménages les plus pauvres».

La Présidente Joyce Banda a déclaré que les réformes suivraient résolument leur cours : «C’est pour cela que j’ai pris des décisions difficiles qui auraient pu détruire ma carrière politique, car je suis convaincue que sans cela le pays n’aurait pas pu s’engager sur la voie de la reprise».

À Lilongwe et à Abidjan, Mme Lagarde a rappelé que «le FMI est un ami …qui vous dit la vérité». Elle a souligné que le FMI sera aux côtés de ses pays membres africains, notant que l’institution a intensifié son assistance technique en faveur de la région.

Le FMI compte désormais quatre centres régionaux d’assistance technique en Afrique et un cinquième devrait ouvrir ses portes au Ghana dans le courant de l’année. À l’occasion de sa visite en Côte d’Ivoire, Mme Lagarde a inauguré le centre d’assistance technique pour l’Afrique de l’Ouest dans ses nouvelles installations, à Abidjan. Ce centre desservira dix pays dans la région. Une semaine auparavant, Mme Lagarde avait échangé les documents de financement avec les autorités de Maurice pour l’établissement du nouvel Institut de formation pour l’Afrique.

En outre, en décembre 2012, le Conseil d’administration du FMI a décidé de continuer d’appliquer un taux d’intérêt nul à tous les prêts concessionnels pendant deux années de plus.

Une sécurité fragile

À Abidjan, Mme Lagarde a également attiré l’attention sur le problème des conflits en Afrique subsaharienne : «La sécurité est également trop fragile dans trop de pays, surtout ici, en Afrique de l’Ouest. Si la paix n’est pas au rendez-vous, les gens n’auront pas le courage d’investir dans leur propre avenir».

Devant l’Assemblée nationale ivoirienne, Mme Lagarde a rappelé que les conflits ont des conséquences économiques désastreuses, dans les pays directement concernés, mais aussi dans les nations voisines : «ils sont le véritable ennemi du développement».